C’est devenu une tradition : les Marocains ont droit à un scandale par Ramadan. Cette année, les scandales sont orientés vers la pédophilie, le viol ou encore l’homicide volontaire d’un Congolais par la police. Que d’évènements qui ravivent les tensions et animent les soirées ramadaniennes.
(De notre correspondante à Rabat)
Tout le monde se souvient de l’affaire Tabit en février 1993. Ce commissaire de police impliqué dans une affaire de viols de dizaines de femmes. Ou encore de l’affaire des « dé-jeûneurs » il y a deux ans. Il y a eu aussi l’affaire des vols et viols à répétition sur la corniche de Aid Diab, l’année dernière.
Cette année, le premier scandale du Ramadan fut celui des deux jeunes jeunes filles violées à Rabat par des « amis », des « fils de… » qui se seraient servis de leur position sociale pour agir en toute impunité. Les mères des victimes sont montées au créneau, les réseaux sociaux se sont enflammés, les journalistes mobilisés. Des manifestations se sont organisées pour demander que justice soit faite. Le procès, prévu le 5 août, a été ajourné au 7 octobre, en attendant, les suspects sont en liberté.
Avant même que le procès de ces jeunes filles n’ait lieu, le Roi accordait la traditionnelle grâce royale à des centaines de prisonniers marocains, comme le veut la tradition, à l’occasion de la fête du Trône. Et parmi eux, le pédophile espagnol, Daniel Galvan, condamné à 30 ans de prison. En réalité, il n’en a fait que 18 mois pour ensuite bénéficier de la largesse du Roi et rejoindre tranquillement son pays. ce qui a entraîné un mouvement de protestation jamais aussi intense depuis les manifestations du printemps arabe. Acteurs associatifs, journalistes, intellectuels, militants se sont donné rendez-vous pour des sit-in pacifistes et réclamer ainsi le retrait de la grâce royale. Le premier regroupement a été le théâtre de coups assénés par la police aux manifestants. Alors que le second rassemblement s’est fait de manière plus calme. La grâce a été retirée et le pédophile arrêté en Espagne.
Enfin, et pour finir le mois sur un scandale qui fait la Une des journaux au Maroc depuis quelques mois : le mauvais traitement des Subsahariens. Une fois de plus, des rafles ont eu lieu. Cette fois-ci, un jeune Congolais en a fait les frais. Âgé de 40 ans, père de 2 enfants, il aurait été poussé à travers la fenêtre d’un bus en marche par des policiers, selon des témoignages. L’enquête est ouverte.
Au Maroc, les tensions sont vives, le Ramadan n’a laissé de répit ni aux politiciens ni au Palais qui, semble-t-il, ont encore beaucoup de décisions à prendre, afin de calmer les esprits.