Une nouvelle équipe au pouvoir pour couper l’herbe sous le pied des détracteurs au sein de la majorité plurielle. Elle consacre un renforcement du poids du palais. Qui a désormais huit ministres et secrétaires d’Etat sous son autorité.
Le remaniement gouvernemental opéré mercredi par le roi du Maroc et son Premier ministre socialiste Abderrahmane Youssoufi, permettra-t-il de calmer les accusations de « lenteur » qui se font jour au sein de l’échiquier politique ?
C’est en tout cas le pari tenté par le chef de gouvernement et officialisé, le 6 septembre, par le souverain.
La nouvelle équipe a été réduite par rapport à celle du 14 mars 1998 nommée par feu Hassan II. Le nouveau gouvernement comporte en effet 33 ministres et secrétaires d’Etat contre 44 auparavant.
Le nombre des portefeuilles, leurs critères d’attribution ainsi que les compétences de certains ministres avaient été au coeur des récriminations qui se multipliaient au sein même des sept partis composant la « majorité plurielle ».
Le fait marquant -et combien symbolique – de ce nouveau gouvernement est l’entrée du secrétaire général de l’Istiqlal, M Abbas El Fassi. Il sera chargé de l’emploi et des Affaires sociales. L’homme faisait campagne depuis plusieurs mois contre l’immobilisme et l’exercice du pouvoir de M Youssoufi, jugé trop personnel. Un autre ministre de l’Istiqlal, Mohamed Khalifa, obtient le portefeuille de la fonction publique que détenait le socialiste Khalid Alioua.
Renforcement du pouvoir royal
Maintenant que le leader du parti nationaliste a intégré l’un des postes les plus difficiles du gouvernement « Youssoufi II », la tête de file de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) est en droit d’espérer une mise en veille des critiques de son principal allié politique.
Fathallah Oualalou, ministre de l’économie dans le précédent gouvernement, se voit reconduit dans ses fonctions, recevant, au surplus, le portefeuille du tourisme et, sans doute, celui des privatisations. En revanche, Khalid Allioua, porte parole du gouvernement et chargé du dialogue social, a dû faire ses valises. Il paierait les relations difficiles qu’il entretenait avec les organisations syndicales. Autre « sacrifié » : l’ex-ministre de l’Agriculture, Habib El Malki. Réputé proche du palais, mais souvent critique à l’égard de Youssoufi, il serait nommé à la tête du Conseil économique et social.
Si l’équilibre politique des sept formations de la coalition gouvernementale appelée à rester au pouvoir jusqu’aux législatives de 2002 n’a pas changé, l’autre particularité de ce remaniement est le renforcement de l’influence du palais. Aux « ministères de souveraineté » (affaires étrangères, intérieur, justice, affaires islamiques) relevant de l’autorité royale, vient s’ajouter le secrétariat du gouvernement. En outre, le roi a désormais la main haute sur le ministère chargé de l’administration et de la défense, dont le rattachement au Premier ministre n’est plus que formel. Ce renforcement de l’autorité royale place M Youssoufi en porte-à-faux vis à vis de ses propres troupes qui espéraient in petto que ce remaniement irait vers une plus juste représentation des politiques désignés par les urnes.