Maroc : tohu-bohu dans les écoles françaises


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Le réseau de l’enseignement français au Maroc continue de faire parler de lui. Après la hausse des frais de scolarité dans les établissements d’enseignement français, voilà que le groupe scolaire Paul Gauguin à Agadir est menacé de fermeture.

Les écoles françaises au Maroc coûtent chers. Mais aujourd’hui, ce ne sont pas les prix excessifs des frais de scolarité qui agacent les parents d’élèves du groupe scolaire Paul Gauguin à Agadir, c’est la fermeture programmée de cet établissement français. L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) a en effet annoncé, lors d’une conférence mardi, qu’il était préférable de fermer le groupe Paul Gauguin à la rentrée 2014 « plutôt que de rénover l’établissement ». L’établissement connaîtrait une perte d’effectif conséquente, ce qui empêche d’envisager la rénovation de l’établissement. Trop cher, selon les responsables.

Pour calmer la colère des parents d’élèves, l’administration a proposé de transférer les élèves vers le lycée français d’Agadir placé sous tutelle de l’Office scolaire universitaire et international (OSUI), un opérateur privé. Face à la pression exercée par l’Union des conseils des parents d’élèves des établissements d’enseignement français (UCPE), sous la présidence d’Abdelwahab Boukouraych, l’AEFE et L’OSUI ont garanti une meilleure rémunération des professeurs, la dispense de droit de première inscription (DPI) à l’entrée au lycée français d’Agadir. Le gouvernement français s’est même engagé à prendre en charge la différence entre le tarif des frais AEFE et celui du lycée français, et ce, pendant dix ans. De quoi calmer la colère des parents d’élèves du groupe Paul Gauguin.

Bien que toutes ces mesures aient été validées par l’ambassadeur français au Maroc, Charles Fries, elles ne permettent toutefois pas de garantir « la pérennité du réseau français à Agadir, ni la stabilisation des frais de scolarité pour les familles de Gauguin », a déclaré Abdelwahab Boukouraych. Il s’appuie sur l’exemple d’un établissement OSUI de Palma de Majorque, en Espagne, qui doit également fermer ses portes à la rentrée prochaine. Cela « montre bien le risque réel de fermeture définitive encouru par les familles face à un opérateur privé associatif qui ne pourra équilibrer ses budgets », ajoute-t-il.

Des frais de scolarité trop chers

Entre 2009 et 2012, les établissements d’enseignement français, principalement destinés aux Français installés dans le royaume, aux ressortissants marocains mais aussi aux familles marocaines aisées, ont connu pratiquement 40% d’augmentation. Mais en plus des frais de scolarité, des droits annuels d’inscription sont demandés. Pour la période 2008-2014, la hausse prévue atteint 161% pour la maternelle, 177% pour le collège et 146% pour le lycée, selon les chiffres de l’AEFE. En terme de prix, pour l’année 2011-2012, les frais de scolarité ont atteint 43 000 dirhams (4000 €) pour les lycées, 32 000 dirhams (3000 €) pour les maternelles. En 2012, des centaines de parents d’élèves s’étaient rassemblées devant les établissements français à Rabat et ailleurs dans le pays pour dénoncer ces prix onéreux.

Selon l’AEFE, ce prix répond aux besoins de faire face « à des investissements immobiliers d’envergure dans différentes écoles au Maroc ». Certains parents d’élèves estiment que ce n’est pas à eux de financer ces projets. Cette mesure concerne 28 100 élèves du réseau AEFE répartis dans 37 établissements, dont 23 d’entre eux dépendent de l’AEFE, 7 dépendent de l’OSUI et 7 autres bénéficient de l’homologation du ministère français de l’Éducation nationale.

Paul Gauguin ne trempera donc pas, et ce dès la rentrée prochaine, dans de nouvelles polémiques autour des futures augmentations des frais de scolarité, puisque l’établissement, construit après le tremblement de terre de la ville en 1960, doit définitivement fermer ses portes.

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