Vivendi a annoncé ce mardi avoir cédé ses parts dans le groupe Maroc Telecom à Etisalat, pour la somme de 4,2 milliards d’euros.
Après des mois de tractations, Vivendi a annoncé ce mardi 5 novembre, dans un communiqué, avoir vendu sa participation de 53% dans Maroc Telecom au groupe émirati Etisalat, pour la somme de 4,2 milliards d’euros. Vivendi indique que cette cession « s’inscrit dans la stratégie du Groupe qui consiste à recentrer et développer ses activités dans les médias et les contenus ».
Les autorités de régulation des pays où Maroc télécom est implanté doivent désormais donner leur approbation. La finalisation du contrat de cession pourrait avoir lieu d’ici début 2014. Un léger retard dans le délai que s’était fixé le groupe Vivendi qui espérait boucler ce dossier avant la fin de l’année 2013.
Une « cession » d’embûches
Vivendi a mis du temps pour dénicher l’acheteur idéal, au point où les différents groupes qui étaient intéressés par les 53% des parts de Vivendi dans Maroc Telecom avaient fini par jeter l’éponge. Même le qatari Ooredoo (ex-Qtel) avait abandonné. Pourtant, c’est l’opérateur qui présentait l’intérêt le plus vif à Maroc Telecom. Mais dans un précédent dossier consacré à Vivendi au Maroc, nous expliquions que la revente des parts de Vivendi à Ooredoo n’était pas possible, malgré les importantes propositions financières du groupe, en raison de la supposée implication du Qatar dans le financement des cellules djihadistes au Sahel. Vue de la France, le rachat des 53% de Maroc Telecom par Ooredoo aurait pu être néfaste dans la lutte contre le terrorisme, surtout à l’heure où l’Hexagone a, semble-t-il, un besoin de « pister les djihadistes ».
En effet, Maroc Telecom détient plusieurs filiales en Afrique de l’Ouest : Mauritel en Mauritanie, Onatel au Burkina Faso, Sotelma au Mali et Gabon Télécom au Gabon. Au Mali, Vivendi est donc à la tête du deuxième opérateur téléphonique, derrière Orange qui détient 60% des parts de marché. En février 2013, Charlie Hebdo affirmait que « les services d’Etat français se servent de Maroc Telecom pour pister les djihadistes » au Mali, ce qu’avait démenti Vivendi « avec la plus grande fermeté », lors d’un entretien téléphonique avec Afrik.com. D’après Solange Maulini, responsable actionnaires chez Vivendi, l’unique raison pour laquelle Vivendi a retardé ses ventes s’inscrivait dans un cadre de réflexion : « Nous sommes toujours en réflexion, dans une revue stratégique depuis juin (2012) », avait-elle affirmé à Afrik.com en février 2013.
La deuxième raison qui aurait poussé Vivendi à mettre de côté le groupe qatari est d’ordre « royale ». Le roi du Maroc, Mohammed VI, n’aurait pas voulu du Qatar chez Maroc Telecom. Avec les 30% de parts du royaume dans Maroc Telecom, Vivendi était dans l’obligation de consulter et d’obtenir le feu vert du palais pour le choix de l’acheteur.
Etisalat, seul contre tous
Face au retrait des acheteurs potentiels, Vivendi s’était donc retrouvé avec un seul acheteur : Etisalat. Pour éviter un tête-à-tête avec l’opérateur émirati, dans le but de faire monter les enchères, Vivendi aurait poussé Orange à s’insinuer dans les négociations, selon Wall Street. Le directeur des relations presse et des nouveaux médias, Jean-Louis Erneux, affirmait en juin 2013 à Afrik.com que toutes ces informations ne sont que « spéculations ». « J’ai lu l’information, il me semble qu’elle provient de Wall Street, ça spécule mais nous ne faisons aucun commentaire », déclarait-il.
Trêve de « spéculations » donc, Vivendi a, après des mois d’interrogations, réussi à sceller sa vente avec l’opérateur émirati. Le Maroc tient à ce qu’Ooredoo réalise des investissements dans les infrastructures mobiles et haut débit. Etisalat est l’une des plus importantes compagnies du secteur Moyen-Orient. Le groupe est aussi présent en Arabie Saoudite et en Egypte, avec des participations en Afrique subsaharienne et en Asie. Etisalat comptabilise près de 141 millions de clients dans 15 pays.