Une gynécologue marocaine, qui souhaite garder l’anonymat, pratique depuis un peu plus d’un an la réfection d’hymen à Casablanca. Elle revient sur la pratique de cette intervention dans son pays, où les femmes en bénéficient le plus souvent dans le plus grand secret.
Sur Internet, le Dr E fait notamment la publicité des opérations de chirurgie intime qu’il pratique. La réfection de l’hymen figure en première place des interventions proposées par ce chirurgien de Casablanca (Maroc). De quoi contraster avec les gynécologues-obstétriciens du pays qui pratiquent discrètement l’hyménoplastie. Afrik a pu interroger l’un d’entre eux, qui opère en clinique pour « entre 2 000 et 3 000 dirhams » (entre 178 et 267 euros). Depuis qu’elle a quitté la France, où elle a appris cette intervention, Dr Inès Berrada* a permis à une dizaine de femmes d’avoir un hymen comme neuf en prévision d’un mariage. Elle nous fait part de son expérience.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous décidé de pratiquer cette intervention ?
Dr Inès Berrada* : Pour répondre aux souffrances des femmes qui ne peuvent pas se marier si elles ne sont pas vierges. Même si elles vivent une réelle histoire d’amour, elles sont capables de rompre parce qu’elles ne sont pas vierges. Et ce, sans même en parler au partenaire. Elles font un véritable blocage. Mais pourquoi devrait-on priver ces femmes de faire leur vie ? Quand je suis rentrée au Maroc, jamais je n’aurais pensé que l’hymen pouvait être aussi important pour elles.
Afrik.com : Comment avez-vous réagi en apprenant l’existence de l’hyménoplastie ?
Dr Inès Berrada* : Au départ, je pensais que c’était de la torture, mais je suis médecin et je me dois de répondre à la souffrance. Je voulais sauver les femmes sur le plan psychologique. On essaye bien de leur faire une petite thérapie, de les convaincre que refaire l’hymen n’est pas si important… Mais cela ne marche pas à cause du poids de la tradition.
Afrik.com : Comment se passent les consultations ?
Dr Inès Berrada* : Les filles sont très angoissées. Se faire opérer est très important pour elles, alors que pratiquer l’intervention représente pour nous une bricole tant elle est simple. Généralement, elles viennent accompagnées d’une copine. Quelquefois, des mères viennent mais c’est exceptionnel.
Afrik : La pratique de l’hyménoplastie est-elle légale au Maroc ?
Dr Inès Berrada* : Les IVG (interruption volontaire de grosse, ndlr) sont interdites, mais je ne pense pas que ce soit le cas des hyménoplasties, que l’ont fait rentrer dans la plastie du périnée. Mais on ne crie pas sur les toits que l’on fait cette opération par respect des patientes, qui disent bien qu’elles ne veulent pas que cela se sache.
Afrik.com : Vous est-il arrivé de refuser des hyménoplasties ?
Dr Inès Berrada* : Une fois, une nana est venue et elle avait un cicatrice médiane et des vergetures au niveau du ventre. Je lui ai demandé ce que c’était et elle m’a répondu qu’à 17-18 ans elle avait été enceinte de trois ou quatre mois et qu’elle avait fait une IVG. Je lui ai dit qu’à ce stade on n’ouvre pas le ventre. Le bébé devait avoir en réalité six ou sept mois. Quand elle m’a dit ça, jamais je n’ai détesté quelqu’un comme ça. J’ai refusé de l’opérer parce que j’ai trouvé ce qu’elle avait fait criminel et qu’en plus elle venait faire une hyménoplastie plus de dix ans après pour embobiner quelqu’un d’autre. J’ai aussi refusé d’opérer une femme enceinte qui voulait une hyménoplastie. Quel toupet ! Non seulement elle est enceinte, mais elle veut faire croire qu’elle est vierge !
* Son nom a été changé