Les partis politiques devant participer au gouvernement El Fassi vont-ils présenter un programme gouvernemental commun? La pratique démocratique le veut, voire l’exige, du moment que le gouvernement a obligation de faire sa déclaration de politique générale devant le Parlement. Et cela dès que les instances du législatif sont mises en place. Pratiquement cela se passe deux à trois semaines après l’ouverture de la nouvelle législature par SM le Roi, le deuxième vendredi du mois d’octobre.
Maintenant qu’il ne fait plus aucun doute que le cabinet El Fassi va être essentiellement composé de la majorité sortante, quelle allure aura le programme du futur gouvernement ?
Même échelle des valeurs
Si dans son essence, la copie commune de la Koutla reprend l’essentiel des engagements énoncés par chacun des trois partis la composant (PI, USFP et PPS), les choses se présentent autrement quand il s’agit des autres formations qui vont faire partie du prochain gouvernement. Le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Mouvement populaire (MP) devront donc «adapter» leurs copies respectives à celle de leur alliée la Koutla. Mais jusqu’à quelle mesure et à quel prix? Le programme commun élaboré par les partis de la Koutla tient compte, certes, du fait que celle-ci peut recevoir l’adhésion d’autres formations politiques. Celles bien sûr qui partagent la même échelle des valeurs et aussi le même référentiel politique, indique-t-on.
En outre, le contenu de la plateforme n’est pas contradictoire avec ceux des programmes électoraux proposés par les trois composantes de la Koutla, affirme-t-on auprès de la commission qui avait été chargée de son élaboration. En fait, il est issu de «visions convergentes des trois partis qui leur permettraient d’être le groupe le plus représenté dans la future Chambre des représentants», souligne-t-on encore.
La Koutla a privilégié dans sa feuille de route un certain nombre de points communs aux programmes respectifs des trois formations politiques la composant avec toutefois quelques variantes. L’essentiel reste cependant la réforme constitutionnelle à laquelle les trois partis de la Koutla ont toujours appelé.
RNI et MP se greffent à la plateforme de la Koutla
Le RNI et le MP partagent les mêmes visions sans pour autant avoir les mêmes référentiels que l’Istiqlal, l’USFP ou encore le PPS. Ainsi, ils appellent tous à l’ouverture d’un large débat sur la question juste après l’installation des institutions législatives et exécutives.
Débat dont l’axe principal serait la séparation effective des pouvoirs. En d’autres termes, la Koutla comme ses alliés dans l’actuel et le prochain gouvernement ont toujours souhaité un Premier ministre issu des urnes, sans pour autant réduire des prérogatives du Roi.
Certes, Abbas El Fassi vient des urnes, mais sa nomination à la tête de la primature est plus un acte volontariste du Souverain qu’une disposition constitutionnelle.
Réduction prévue de l’IS, de l’IR et de la TVA
Autres points de convergences: l’économie et l’emploi. Les trois partis de la Koutla tout autant que le RNI et le MP les ont placés au cœur de leurs programmes respectifs. L’amélioration de l’environnement économique, la lutte contre le chômage, la réforme de la fiscalité pour encourager les investissements… sont ainsi «érigées en priorités absolues» dans les programmes des cinq partis de la majorité. «Une moyenne de création de 300.000 à 400.000 emplois par an au cours de la nouvelle législature (2005-2012) est à la portée du prochain gouvernement», insiste-t-on. Mais, il faut d’abord commencer par la résorption du stock du chômage dans l’objectif de parvenir au plein emploi (soit un taux de chômage de moins de 5%) à l’horizon 2015. Réduction de l’IS, de l’IR, de la TVA : les cinq partis sont d’accord sur la question.
Avec une nuance et une condition cependant: «l’Etat doit être partie prenante tout autant que le privé». L’Istiqlal n’a-t-il pas insisté dans son programme électoral sur l’émergence de «l’Etat coach»?
Déclaration
La commission de la Koutla insiste sur le fait que la feuille de route «n’est pas une auberge espagnole, mais plutôt une réflexion commune sur les priorités de la prochaine législature». L’idée de base est de «ne point faire cavalier seul», mais de «s’associer aux alliés de la majorité pour élaborer un programme qui permettra au Premier ministre de faire sa déclaration de politique générale devant le Parlement dans de bonnes conditions».
Le programme de référence de la Koutla et de ses alliés s’articule donc autour de plusieurs axes. A leur tête, la gouvernance qui conditionne le reste. Viennent ensuite l’emploi, le développement économique et social, un nouveau rôle de l’Etat, la région, la santé, l’éducation… D’autres thèmes récurrents sont également à l’ordre du jour, notamment la réforme de la justice, la formation des ressources humaines, l’agriculture, l’alphabétisation… Une vision commune que les directions des cinq partis vont élaborer à partir de leurs programmes électoraux. Une question que l’on se pose cependant: quelle sera la marge de manœuvre de chacune des cinq formations politiques pour appliquer ce programme commun ?
Jamal Eddine Herradi, pour L’Economiste