Le relations entre l’Algérie et le Maroc ne sont pas au beau fixe. Elles se sont d’ailleurs détériorées davantage avec les piques que se sont lancées les deux dirigeants, directement ou par ministres interposés, notamment s’agissant de la question du Sahara occidental. Pourtant, il fut un temps où Mohammed VI exigeait de ses diplomates de « rester poli » envers l’Algérie.
Le Maroc et l’Algérie se regardent aujourd’hui en chiens de faïence. Entre autres sujets à l’origine de cette crise diplomatique, la lancinante question du Sahara occidental. Il fut pourtant une époque où le Roi du Maroc était très regardant sur les relations entre son pays et l’Algérie voisine. C’est du moins le témoignage exprimé par l’ex-ministre marocain des Affaires étrangères, Saad Dine El Otmani.
Invité à une conférence donnée par le Conseil marocain des Affaires étrangères, au siège du Centre des études africaines à Rabat, Saad Dine El Otmani, ancien ministre des Affaires étrangères du Maroc, est revenu sur son premier voyage en Algérie, quelques jours après sa nomination au ministère.
« Je voulais dégeler les relations entre nos deux pays, j’ai tenu à ce que mon voyage à Alger, soit humainement chaleureux, au point que je n’y avais évoqué aucun dossier bilatéral », s’est souvenu El Otmani qui indique avoir au préalable demandé une autorisation au souverain du Maroc, avant de programmer un tel voyage. « Le souverain m’avait autorisé à y aller », indique l’ex-ministre qui poursuit : « à mon retour d’Alger, je suis allé le (Mohammed VI, ndlr) voir pour lui rendre compte des résultats de ma visite ». Et de rappeler les mots que Mohammed VI lui avait servis en guise de recommandation. « Et il m’a dit : « l’important est de rester toujours poli avec eux, et que la bienséance et la générosité émanent toujours de nous » ».
Evoquant Christopher Ross, El Otmani a raconté que l’envoyé spécial de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental avait carte blanche royale au Maroc, pour rencontrer qui il veut où il veut. « Un jour le Roi m’a dit, si Ross veut voir n’importe qui, organisez-lui ce qu’il veut ou mieux, laissez-le organiser ses entrevues lui-même, le tout, librement », a rapporté El Otmani.
Sauf qu’aujourd’hui, les relations entre l’Algérie et le Maroc sont si tendues que Mohammed VI a été on ne peut plus clair : le Maroc « refusait de recevoir des leçons (…), surtout de la part de ceux qui bafouent systématiquement les droits de l’Homme ». C’était à l’occasion de la commémoration de la « Marche verte » de 1975, le 6 novembre dernier.