La justice marocaine a condamné des dizaines de migrants dans l’affaire du drame survenu à Melilla. Ces personnes écopent de peines de prison ferme allant de 2 ans et demi à 3 ans. Un verdict sévère, estime les droits-de-l’hommistes marocains.
Fin juin 2022. Près de 2 000 migrants subsahariens, venus pour la plupart du Soudan, avaient tenté de forcer le passage de l’enclave espagnole de Melilla. Partis de Nador, ils ont fait face aux forces de sécurité marocaines. Ce qui avait donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre, faisant au moins 23 morts, selon un bilan officiel.
Plusieurs dizaines de personnes avaient été interpellées en marge de ces heurts. La justice a décidé de la prison ferme pour de nombreux migrants arrêtés. Ils sont poursuivis pour entrée illégale au Maroc, violence contre agents de la force publique et attroupement armé. Il a en effet été fait état de port d’armes (couteux, bâton et barre de fer) par ces candidats à l’immigration.
Des « peines injustes », selon l’AMDH
Des peines de 2 ans et demi à 3 ans de prison ferme ont été prononcées. Ce que l’Association marocaine des Droits humains conteste. Souad Lazreg trouve ces « peines injustes » et dénonce qu’elles « appuient les politiques migratoires du Maroc ». L’AMDH estime que la sentence a été prononcée « sans preuve convaincante ».
Pour sa part, relève RFI, l’avocat Khalid Ameza déclare que ces « peines très sévères qui n’ont pas été justifiées par un argumentaire logique et convaincant ». La robe noire relève que les procès-verbaux comportaient des aveux que les accusés avaient niés tout au long de la procédure. Il insiste que le fait que les agents des forces de l’ordre auditionnées n’ont jamais situé la responsabilité de chaque migrant interpellé.
Échange verbal entre Alger et Rabat après le drame de Melilla
Ce drame avait entrainé une escalade verbale entre le Maroc et l’Algérie. En effet, l’ambassade du Maroc en Espagne avait accusé que « les assaillants ont infiltré la frontière algérienne, profitant du laxisme délibéré du pays dans le contrôle de ses frontières avec le Maroc» pour prendre d’assaut l’enclave espagnole de Melilla. Amar Belani, Envoyé spécial pour le Maghreb et le Sahara Occidental au ministère algérien des Affaires étrangères avait apporté la réplique.
« Le régime marocain n’a pas le courage de supporter la honte», a lancé le diplomate. M. Belani avait déclaré que le Maroc « est donc toujours à la recherche d’un bouc émissaire pour échapper à ses responsabilités ». Et d’asséner que « Rabat devrait admettre son faux règlement de la situation des migrants des pays du Sahel, au lieu de jeter des pierres, de manière malhonnête, sur ses voisins ».
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