Maroc : pourquoi le chanteur algérien de raï Reda Taliani a été arrêté à Marrakech


Lecture 3 min.
Reda Taliani, chanteur algérien
Reda Taliani, chanteur algérien

Le célèbre chanteur algérien de raï, Reda Taliani, a été interpellé par les forces de l’ordre marocaines à Marrakech, dans le quartier Saâda de l’arrondissement de Guéliz. Cette arrestation, rapportée par le média local Rue20, serait survenue à la suite d’une altercation sur la voie publique, impliquant l’artiste et deux autres individus. L’échauffourée aurait dégénéré en échange de coups et blessures, dans un contexte d’ébriété manifeste, selon les premières constatations.

C’est un nouvel épisode trouble dans la relation entre musique et justice au Maghreb. Il s’agit de l’arrestation du célèbre chanteur algérien de raï, Reda Taliani. L’artiste a été interpellé suite à une altercation de rue ayant débouché à des scènes de coups et blessures contre deux autres individus. Suite à l’incident, les trois protagonistes ont été placés en garde à vue par les services de police de Marrakech. Une enquête judiciaire a immédiatement été ouverte afin de déterminer les circonstances exactes des faits et les responsabilités de chacun.

Ce nouvel épisode intervient dans un contexte déjà délicat pour Reda Taliani. En effet, en 2023, l’artiste avait été hospitalisé en soins intensifs à Mohammedia, au Maroc, à la suite d’un grave accident de la route survenu avec sa famille. L’incident avait bouleversé ses fans, d’autant qu’il avait dû annuler un concert prévu à Al Hoceima dans le cadre du festival de Mohammedia. À l’époque, il avait exprimé sa tristesse et présenté ses excuses via son compte Instagram, invoquant son état de santé pour expliquer son absence.

Une série d’affaires judiciaires impliquant des artistes

L’affaire Reda Taliani n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une série de controverses récentes au Maroc concernant des artistes accusés d’atteintes à la morale ou à l’ordre public. Début avril 2025, à Tanger, un autre chanteur populaire a été arrêté après avoir interprété, lors d’une fête de l’Aïd al-Fitr, une chanson contenant des propos jugés choquants, incitant à l’ivresse et à la débauche devant un public composé en grande partie de mineurs. L’affaire a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.

Le parquet de Tanger a décidé de poursuivre ce chanteur en liberté provisoire, en s’appuyant sur des articles du Code pénal marocain qui criminalisent l’incitation à la consommation d’alcool et à la prostitution, notamment devant des enfants. En 2024, c’est un autre musicien qui avait été incarcéré à Fès, accusé d’avoir offensé la famille royale et le gouvernement à travers sa chanson « Charrr Kebbi Hawaï ». Le clip, largement diffusé sur les réseaux sociaux, avait entraîné une vague de réactions, et l’artiste a été poursuivi pour atteinte à une institution constitutionnelle et insulte à un organisme réglementé.

Musique, société et censure : un débat en suspens

Ces événements sont la preuve d’un climat tendu autour de l’expression artistique au Maghreb, où les frontières entre liberté de création, morale publique et respect des institutions sont souvent floues. Alors que certains appellent à plus de liberté d’expression, d’autres réclament une réglementation plus stricte pour protéger les valeurs sociales et les mineurs. Dans ce contexte, l’arrestation de Reda Taliani soulève une nouvelle fois la question de la responsabilité sociale des artistes.

Avatar photo
Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News