Le Conseil National des Droits de l’Homme dresse un panorama sur la situation des migrants au Maroc et recommande les ingrédients d’une mobilisation générale.
Sur les 240 millions de migrants internationaux en 2012, le Royaume carrefour habituel des populations venant d’Afrique, d’Arabie et d’Europe et devenu « à son tour une terre d’asile et d’installation durable », souligne le rapport. Celui-ci détaille que le Maroc « accueille ainsi une immigration de travail régulière, un nombre relativement important d’étudiants étrangers, des migrants en situation irrégulière, « en transit » souvent depuis de longues années et enfin, des demandeurs d’asile et des réfugiés.
A ces flux, s’ajoutent des groupes installés depuis longtemps (Algériens ou Syriens par exemple, diverses nationalités européennes) et une accélération des mobilités comme l’illustre, par exemple, la circulation des élites professionnelles hautement qualifiées entre l’Europe et le Maroc ou les séjours prolongés de retraités européens, notamment français ».
Ces éléments représentent un environnement nouveau pour les multiples institutions régissant le statut des migrants que le rapport, avec un langage direct, explique « C’est cette réalité complexe, qui constitue à la fois un défi et une richesse, que cache la figure, largement médiatisée mais réductrice, du Subsaharien errant sur les routes, acculé à recourir à la charité publique ou s’attaquant régulièrement et en groupe, aux frontières des deux enclaves espagnoles ».
Tout en insinuant subtilement la responsabilité partagée avec l’Union Européenne puisqu’il « subit incontestablement les effets de la politique drastique de contrôle par l’Europe de ses frontières extérieures. » le rapport a le mérite de mettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités en leur demandant de respecter la constitution marocaine qui garantit le principe de non-discrimination, le droit d’asile et l’égalité des droits entre nationaux et étrangers.
Le conseil a mis sur la table plusieurs solutions efficaces et rapides à mettre en œuvre. De la mise en place d’une opération de régularisation exceptionnelle de certaines catégories de migrants en situation administrative irrégulière, tout en demandant le soutien des organisations internationales du système des Nations Unies, des pays partenaires, ainsi que de l’Union européenne jusqu’à l’intégration à travers l’implication des syndicats.
Tout en demandant au parlement d’avancer rapidement sur les futurs projets de loi, l’institution, dans une première au Maroc, « recommande aux différents organes publics et privés chargés de la formation des journalistes professionnels, de prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer et développer, dans l’apprentissage et la formation, des attitudes et des comportements fondés sur la reconnaissance de l’égalité, en luttant, particulièrement par des moyens pédagogiques appropriés, contre les préjugés et les stéréotypes à l’égard des étrangers ».
Suite à la présentation du rapport au Roi Mohammed VI, un communiqué du cabinet royal a indiqué la conviction du Souverain pour que la problématique migratoire soit approchée de manière globale et humaniste.