A l’occasion du 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme, le Maroc a levé, le 10 décembre dernier, les réserves relatives à la Convention internationale sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination Envers les Femmes (CEDEF). Cette décision, significative et progressiste pour les associations de femmes, n’est pas du goût des Oulémas apparemment. Leur Conseil Supérieur a rappelé, mercredi, que la Charia n’était pas soumise à la jurisprudence mais au contraire, supérieure à celle-ci. Certains points font polémique…
L’islam est religion d’Etat et l’attachement aux lois religieuses du pays ne peut être remis en question. Voilà, en substance, ce que le Conseil Supérieur des Oulémas marocain a voulu rappeler mercredi en réaction à la levée, par le roi Mohamed VI, des réserves initialement faites à la Convention internationale sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination Envers les Femmes (CEDEF).
Le 10 décembre dernier, à l’occasion du 60ème anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, le roi Mohamed VI avait déclaré dans un message à la nation que les réserves à cette convention étaient devenues « caduques » compte tenu des législations « avancées » adoptées par le royaume. La CEDEF, ratifiée en 1993, était entrée en vigueur en 2001 au Maroc mais avec des réserves. Le pays avait refusé de mettre en application les clauses contraires à la législation nationale ou à la loi islamique. C’est maintenant chose faite.
Bien qu’unanimement saluée par les associations de défense des femmes et les Nations unies, cette décision fait polémique. Certains articles de la convention entrent en contradiction avec la loi islamique notamment sur les questions d’héritage, de transmission de la nationalité maternelle ou encore d’égalité face à la dissolution du mariage. Même si les réserves sont levées, la prochaine étape est la transposition dans le droit marocain de ces conventions. Longue bataille en perspective pour les féministes.
Vers la consécration de l’égalité homme-femme
Khadija Riyadi, la présidente de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme, a indiqué que désormais « le Code de la famille (devait) être révisé, en particulier les articles ancrant la discrimination à l’égard des femmes, notamment en matière de mariage avec des étrangers, sur la question de la tutelle légale accordée toujours au père, de l’héritage et de la polygamie ».
La présidente de la Ligue Démocratique des Droits des Femmes, Fouzia Assouli s’est dite, elle aussi, satisfaite de cette décision qui représente « une révolution en douceur pour la consécration du principe de l’égalité entre l’homme et la femme, un principe pour lequel le mouvement féminin a lutté depuis des années »
La lutte féministe aura pourtant du travail encore pour quelques temps, semble-t-il. Mustapha Ramid, chef du groupe parlementaire du Parti pour la Justice et le Développement, a déclaré : « on ne peut pas lever toutes les réserves au point que l’égalité soit totale, car cette question est régie par la charia ».
Lire aussi :
M6 bouleverse le Code de la famille
Maroc : la transmission de la nationalité sera aussi l’affaire des femmes