Au Maroc, le rappeur Gnawi est-il poursuivi pour des faits d’offense au roi Mohammed VI où des propos tenus à l’égard de la police de ce pays d’Afrique du Nord ? En tous les cas, la polémique autour de son arrestation enfle au royaume.
Le rappeur Gnawi, co-auteur d’un titre polémique sur le désespoir de la jeunesse marocaine, a comparu, ce jeudi 14 novembre 2019, devant le tribunal de Salé, près de Rabat, pour « outrage à fonctionnaire public ». Le chanteur risque deux ans de prison. Si les autorités déclarent qu’une vidéo est à l’origine des poursuites, l’avocat du rappeur assure qu’il est poursuivi à cause d’une chanson. Gnawi se trouve en détention préventive depuis son arrestation, survenue au lendemain de la mise en ligne de son dernier titre, co-écrit avec deux amis rappeurs pour protester contre la situation sociale et la corruption au Maroc.
Si les autorités marocaines assurent que l’arrestation du rappeur, le 1er novembre, « n’a rien à voir avec la chanson », mais liée à la diffusion d’une vidéo dans laquelle il insulte la police, les Marocains sont d’un tout autre avis, partagé par l’avocat du rappeur. D’autant que la chanson, qui reprend des slogans scandés dans les stades, dénonce « l’injustice, l’accaparement des richesses ». Des paroles attaquent directement le roi Mohammed VI. Et pour les médias marocains, le rappeur a effectué ce qu’on appelle « un franchissement des lignes rouges ».
Me Abdelfettah Yatribi, conseil du rappeur se dit convaincu que son client est poursuivi non pas pour des insultes à la police mais à cause de la chanson « Vive le peuple ». Laquelle chanson, selon les journaux, cumule désormais plus de 13 millions de vues sur YouTube. Me Abdelfettah Yatribi a indiqué que dans cette affaire, la Direction générale de sûreté nationale s’est portée partie civile car elle a « subi un tort en tant qu’institution ».
L’affaire fait grand bruit au Maroc avec un flux important de commentaires indignés sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué publié mercredi 13 novembre 2019, à la veille du procès, Amnesty international a estimé que « les poursuites judiciaires engagées contre lui constituent une atteinte flagrante à la liberté d’expression ». Le tribunal de Salé a renvoyé l’affaire au 25 novembre, après une audience rapide consacrée à des questions de procédure.