La demande de liberté provisoire a été refusée au jeune rappeur marocain Mouad Belghouat, poursuivi pour « outrage », suite au report de son procès au 16 avril. Le rappeur âgé de 24 ans, connu pour ses chansons critiques à l’égard de la monarchie, a de nouveau été arrêté le 29 mars à cause, cette fois-ci, d’une de ses chansons postée sur Youtube pour laquelle il est accusé d’avoir insulté les autorités publiques.
Le tribunal de première instance de la ville de Casablanca au Maroc, a refusé mercredi d’accorder la liberté provisoire au rappeur marocain Mouad Belghouat, alias L7a9ed (ou Lhaqed : le rancunier, ndlr). Le procès a été reporté au 16 avril. Le chanteur de 24 ans a été arrêté le 28 mars par trois policiers en civil et présenté le lendemain devant le juge pour « outrage à un officier public dans le cadre de ses fonctions et à un corps constitué » suite à une plainte déposée par la Direction générale de la sûreté nationale. Celle-ci l’accuse de porter atteinte à l’image de son institution en ayant diffusé une chanson sur Youtube sur fond d’un montage-photos.
L7a9ed a reconnu avoir chanté la chanson dans laquelle il dénonce la corruption au sein de la police, mais a démenti être à l’origine du montage-photos qui provient, selon lui, d’un internaute anonyme. « Dans la chanson, Mouad accuse certains policiers de corruption, ce n’est pas un scoop, tout le monde le dit et les organisations internationales le confirment », a expliqué Larbi Chentoufi, avocat de la défense. « Il s’agit d’un procès politique. Lhaqed est devant les juges pour ses opinions », a-t-il ajouté.
Un air de déjà-vu
Lhaqed n’en est pas à sa première condamnation. Le 9 septembre 2011, le jeune rappeur marocain est arrêté au cours d’une prétendue rixe en bas de chez lui, dans le quartier de Hay Al Wifak à Casablanca. Il est accusé d’avoir « agressé » et « frappé » un membre de l’alliance des jeunes royalistes, Mohamed Dali. Une accusation démentie par Mouad et son entourage. D’après eux, la raison de son arrestation est liée à son franc-parler dans ses textes de rap. Il critique ouvertement le régime monarchique. Par exemple, dans une chanson intitulée « Le révolté », Mouad affirme que les Marocains ne sont « pas des sujets » et qu’ils ne veulent pas « d’un roi sacré et d’un gouvernement qui vole ». Il préfère « vive le peuple » à « vive le roi », et a même relevé que dans la Constitution marocaine « le roi est mentionné soixante et une fois et le peuple qu’une seule fois ».
Avant de quitter le tribunal, Mouad a crié « vive le peuple » avec les membres du Mouvement du 20 février, duquel fait partie le rappeur, rassemblés devant le tribunal. M. Chentoufi a précisé que « son procès est celui du Mouvement du 20 février ». Les activistes qui s’étaient rassemblés devant le tribunal après le procès ont été dispersés à coups de matraque par les forces de l’ordre.
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