Après avoir passé quatre mois en détention, Mouad Belghouat, un rappeur marocain de 24 ans, a été libéré ce jeudi à 14H30. Le jugement rendu par le tribunal de Aïn Sbaa ne l’innoncente pas puisqu’il reste coupable d’agression sur un jeune militant royaliste. Arrêté le 9 septembre, le jeune rappeur n’a cessé de clamer son innocence. Son entourage affirme que cette condamnation fait suite à son franc-parler jugé critique à l’égard du roi du Maroc, Mohammed VI. Florilège.
Impliqué dans une affaire d’agression, Mouad Belghouat, alias L7a9ed (ou Lhaqed), est désormais libre depuis jeudi 12 janvier. Mais celui-ci reste tout de même coupable des faits qui lui sont reprochés, puisque le jugement du procès qui a lieu mardi 10 janvier, rendu aujourd’hui par le tribunal de première instance de Aïn Sbaa, à Casablanca, l’a condamné à quatre mois de prison ferme et à 500 dirhams (45 euros) d’amende. Et même s’il a déjà purgé sa peine en détention provisoire, ses avocats ont décidé de faire appel. Le comité de soutien du rappeur crie au scandale !
Flash-back
Le 9 septembre 2011, le jeune rappeur marocain est arrêté au cours d’une prétendue rixe en bas de chez lui, dans le quartier de Hay Al Wifak à Casablanca. Il est accusé d’avoir « agressé » et « frappé » un membre de l’alliance des jeunes royalistes, Mohamed Dali. Une accusation immédiatement démentie par Mouad et son entourage. D’après eux, la raison de son arrestation est liée à son franc-parler dans ses textes de rap. Il critique ouvertement le régime monarchique. Par exemple, dans une chanson intitulée « Le révolté« , Mouad affirme que les Marocains ne sont « pas des sujets » et qu’ils ne veulent pas « d’un roi sacré et d’un gouvernement qui vole ». Il préfère « vive le peuple » à « vive le roi », et a même relevé que dans la Constitution marocaine « le roi est mentionné soixante et une fois et le peuple qu’une seule fois ».
Avant son arrestation, L7a9ed était engagé avec le Mouvement du 20 février dans l’espoir d’obtenir davantage de démocratie et une liberté d’expression totale. Un engagement qui a tourné au drame pour le jeune artiste, puisque tout cela l’a amené droit en prison. Toutes les demandes de remise en liberté provisoire formulées depuis son arrestation ont été rejetées. Dans un précédent article, nous mettions en évidence les déclarations de la journaliste franco-marocaine, Zineb el Rhazoui, co-fondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles (MALI). Pour elle, le régime a monté de toutes pièces ces accusations et a régulièrement recours à des arrestations arbitraires et intimidations en tout genre pour réprimer les mouvements de contestation.
A quoi rime cette condamnation ?
Est-ce une manière de prévenir les Marocains de ne pas s’aventurer sur le terrain du blasphème contre le roi ? Et si Mouad Belghouat avait réellement agressé ce jeune royaliste, cette action (ndlr : un coup sur la nuque) valait-elle quatre mois d’incarcération ? D’autant plus que plusieurs incohérences ont été observées dans cette affaire. La victime présumée dit avoir perdu connaissance jusqu’au lendemain matin de son agression. Or, le soir même elle se rendait au commissariat pour déposer plainte d’après la date et l’heure du procès verbal. Autre exemple, alors qu’elle disposait d’un arrêt de travail de quarante-cinq jours après ladite agression, à peine trente jours après la voici qui défilait dans une manifestation contre le journal marocain Alhbar Al Yaoum.
Pour Maria Karim, la présidente du comité de soutien à Mouad Belghouat, « ce procès dépasse l’entendement. On veut faire payer à Mouad sa liberté, sa clarté et sa détermination. »
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