Au Maroc où 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour, le débat sur l’assouplissement de la législation refait surface.
Face aux avortements répétés au Maroc et les sanctions à l’encontre d’un médecin pro-avortement, le ministre de la Santé, Houssaine Ouardi, a ouvert la voie à un débat national en déclarant, cette semaine, lors d’un colloque organisé à Rabat, « nous défendons fermement la révision urgente de la loi sur l’avortement dans au moins trois cas : l’inceste, le viol et les malformations fœtales ». Face à ce nouveau débat, le roi du Maroc Mohammed VI s’est saisi du dossier.
Ainsi à l’issue d’une audience, lundi, le roi du Maroc a sommé ses ministres de la Justice, des Affaires islamiques et le patron du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), de soumettre des propositions de loi dans un délai de un mois. Un acte qui réjouit Chafik Chraïbi, directeur de l’association marocaine de lutte contre les avortements clandestins ( AMLAC) qui estime qu’il « y a 20 ans, l’avortement ne faisait l’objet d’aucune discussion publique ».
Vif débat au sein de la société civile
Les avis sont tranchés concernant la libéralisation de l’avortement. L’AMLAC préconise la création d’un comité éthique composé d’un médecin-chef, d’un gynécologue, d’un psychologue, d’une assistante sociale et d’un religieux qui statueraient « au cas par cas », dans un délai d’une semaine. Selon le président du Conseil des oulémas d’Oujda, « le droit à la vie est le plus sacré de tous, faciliter les avortements conduira à la destruction de la famille ».
Plus partagé, le psychiatre et homme politique Saâd Eddine el Othmani préconise d’autoriser l’avortement avant la septième semaine de grossesse dans les cas d’inceste, de viol ou de malformation grave. Le député du PJD (Parti de la Justice et du développement) Mustapha Ibrahimi plaide, quant à lui, pour une autorisation dans les seuls cas de malformation, en rappelant que le « droit à la vie » est garanti par la Constitution de 2011.
Actuellement au Maroc, l’interruption volontaire de grossesse est interdite. Cet acte est passible d’un à cinq ans de prison. Seul l’avortement thérapeutique est autorisé.