Maroc : Mohammed VI prône l’austérité mais s’offre un luxe sans limite


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Mohammed VI et le luxe

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a lancé un appel à l’austérité dans un message adressé à la nation le 25 février 2025. Bien que ce discours encourage la solidarité nationale, l’acquisition récente de voitures de luxe par le souverain suscite des interrogations sur la cohérence entre ses paroles et son mode de vie fastueux.

Un appel à l’austérité face à une crise économique et environnementale

Dans un message solennel lu le 25 février 2025 sur la chaîne Al Oula par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, le souverain a exhorté les Marocains à adopter une politique d’austérité face aux défis climatiques et économiques qui secouent le pays. Cet appel, présenté comme un geste de solidarité nationale, a pourtant rapidement suscité des critiques.

En effet, peu avant cette déclaration, Mohammed VI a fait l’acquisition de deux véhicules de luxe, des Laraki Sahara, d’une valeur totale de 4,4 millions de dollars. Ce contraste entre un discours prônant la rigueur et un train de vie royal alimente les doutes sur l’authenticité de cet engagement.

Propriétaire de l’une des collections automobiles les plus impressionnantes au monde, Mohammed VI possède des modèles exclusifs tels que la Mercedes McLaren SLR ou la Ferrari 550, héritant ainsi d’un goût pour les belles mécaniques transmis par son père Hassan II.

La crise du cheptel et la suspension du sacrifice de l’Aïd al-Adha

Parmi les mesures annoncées, le roi a recommandé aux Marocains de ne pas célébrer le sacrifice rituel de l’Aïd al-Adha cette année. Le pays, confronté à une sécheresse prolongée et à une crise économique sévère, subit, en effet, une baisse alarmante de son cheptel, élément central de cette fête religieuse.

Les autorités marocaines, conscientes de l’enjeu, ont mis en place un recensement national du cheptel pour adapter les mesures nécessaires. Le ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari, a souligné que cette initiative vise à mieux gérer la crise, mais les résultats restent incertains. La flambée des prix de la viande, amplifiée par la sécheresse et la spéculation, rend déjà l’Aïd inaccessible à de nombreuses familles modestes.

Alors que cette crise impacte directement les foyers marocains, l’attitude du souverain semble en décalage avec les efforts demandés à la population.

Des acquisitions de luxe en pleine crise sociale

Dans ce contexte d’incertitude et de difficultés pour de nombreux Marocains, l’annonce de l’acquisition par Mohammed VI de deux Laraki Sahara, des véhicules d’exception fabriqués par le constructeur marocain Laraki Automobiles, a renforcé la polémique. Avec un prix unitaire de 2,2 millions de dollars, ces voitures haut de gamme, équipées d’un moteur V12 de 1 500 chevaux, symbolisent l’opulence du monarque.

Loin d’être un cas isolé, cette passion du roi pour le luxe s’illustre aussi par ses possessions immobilières en France. En 2020, Mohammed VI avait déjà suscité la controverse après l’achat d’un hôtel particulier de 1 080 m², situé au 20 avenue Émile-Deschanel, à Paris, pour 80 millions d’euros. Cette résidence, anciennement propriété du prince saoudien Khaled ben Sultan ben Abdelaziz al-Saoud, avait été acquise par une société dont le souverain marocain détient 99,9 % des parts. Ce rachat, révélé par Africa Intelligence, avait fait grand bruit, d’autant qu’il coïncidait déjà avec un discours du Trône où le monarque exhortait les Marocains à faire des efforts face à la crise économique liée au COVID.

Déjà propriétaire d’un hôtel particulier aux Invalides et du château de Betz, Mohammed VI, dont la fortune est estimée par Forbes à plus de 2 milliards d’Euros, possède outre son impressionnante collection de voitures de luxe, des yachts et des montres rares. En 2018, un compte Instagram spécialisé relevait ainsi qu’il portait une Patek Philippe en or blanc incrustée de 1 075 diamants, d’une valeur de 1,2 million de dollars.

Ces investissements somptuaires, en pleine période de crise pour la population marocaine, mais aussi ses étranges fréquentations avec d’anciens combattants de MMA alimentent la critique d’un roi déconnecté des difficultés de son peuple.

L’écart entre discours et réalité

Cet écart entre les déclarations officielles de sobriété et le faste royal ne manque pas de susciter des critiques. Alors que les citoyens sont appelés à faire des sacrifices en période de crise, la dissonance entre les paroles du souverain et son mode de vie extravagant soulève des interrogations sur la responsabilité morale et politique du monarque.

En appelant les Marocains à l’austérité tout en affichant un train de vie princier, Mohammed VI alimente un débat récurrent sur l’exemplarité du pouvoir et la crédibilité de ses engagements.

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