Le Roi du Maroc interdit désormais toute vie politique et syndicale aux imams du pays.
Près d’une décennie après les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, le Roi Mohammed VI vient de prendre une deuxième réforme importante en matière de religion. Désormais, les imams sont interdits de vie politique et syndicale. Par le biais d’un Dahir royal (décret), le Palais veut dissocier la politique et la religion au Maroc.
Ce sont en réalité quatre Dahirs qui ont été inscrits au bulletin officiel marocain du 1er juillet. Les deux premiers « réglementent l’activité des religieux » et rappellent les missions des prédicateurs et des imams, notamment le respect du rite Malékite ainsi que le port de l’habit marocain lors des prières et des prêches. Le troisième texte concerne la mise en place d’un programme de lutte contre l’analphabétisme. Et le quatrième Dahir annonce la création d’un prix de 20 000 dirhams (1785 euros) destiné aux lauréats de ces programmes dans les mosquées du pays.
Les imams ont un important pouvoir de persuasion, tout particulièrement le vendredi, jour de prêche. Ces réformes visent donc à les empêcher de donner leur avis dans les règlements de comptes politiques. Ainsi, ces derniers sont définitivement interdits d’appartenir aux formations politiques et syndicales, rapporte Bladi.net.
Protéger le Roi
Ces réformes présentent un message clair : éviter que les mouvements islamistes marocains, qui portent souvent atteinte aux prérogatives du Roi, puisse continuer dans ce sens. Et même si Mohammed VI ne veut plus d’imams politisés, lui et le Parti Justice et Développement au pouvoir conservent respectivement leur titre de « Commandeur des croyants » et de « parti islamiste ».
Sur le plan culturel aussi, les imams semblent ne plus avoir leur mot à dire puisque l’un d’entre eux a été congédié la semaine dernière après avoir critiqué le festival Mawazine « Rythmes du Monde », lors d’un prêche du vendredi. Le prédicateur, très influent dans sa ville, considère cet évènement artistique comme une extravagance et une perte de temps pour les musulmans. En 2013, un imam de la ville impériale de Fès avait été licencié pour les même motifs.