Maroc : mille et une glaces


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En ces temps estivaux, les glaces sont à l’honneur. Le Maroc n’échappe pas à la règle et voit le marché des glaces industrielles croître d’année en année. Les fabricants, pour coller au pouvoir d’achat local, pratiquent des petits prix pour booster les ventes. C’est la bonne période car, en dehors de l’été, l’appétit pour les sorbets fond… comme glace au soleil !

De notre partenaire L’Economiste

La glace dite à l’ancienne, fabriquée « comme à la maison », demeure la plus prisée des consommateurs Marocains. Mais ceux-ci se tournent de plus en plus vers la gamme industrielle pour apaiser leur envie de sucreries glacées. Au Maroc, la croissance de ce marché est estimée de 4 à 5% par an. Ainsi, chaque année, 8 millions de litres, dont 5 pour les glaces industrielles et 3 millions pour les artisanales, sont consommés dans le Royaume. Et, au pays des glaces, l’esquimau est roi. C’est lui qui arrive en tête des ventes, faisant le bonheur des fabricants de glaces industrielles dont le nombre reste assez restreint.

Les marques rivalisent pourtant pour offrir une palette variée, à l’unité, en litre ou en gâteau savamment élaboré. Le chef de rayon ultra-frais d’une grande surface casablancaise indique que les glaces, sous toutes leurs formes, occupent une place de plus en plus importante dans son magasin. Des cônes, petits pots ou bûches glacées, les clients en sont de plus en plus friands. « Ce type de produits représente au moins 30% du rayon froid aujourd’hui contre moins de la moitié il y a une dizaine d’années », précise-t-il.

Conquérir les consommateurs

« 70% des ventes se font entre juin et août », indique Nourdine Houari, responsable central marketing et commercial chez Pingouin. L’essentiel des ventes est réalisé via le marché de plein air, les épiciers et kiosques spécialisés. De fait, la consommation des glaces reste intimement liée à la période estivale. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres régions du globe, comme les pays scandinaves, où la consommation est étalée sur l’ensemble des saisons. N’empêche, le secteur est en expansion. Au Maroc, après Casablanca, c’est la Région Tanger-Tétouan qui s’offre le plus de glace. Et, partout, la consommation évolue. Notamment grâce à la stratégie adoptée par les fabricants de glaces industrielles. « Il s’agit de conquérir le maximum de consommateurs. Et c’est la raison pour laquelle notre société a lancé une gamme petits prix pour les petites bourses », souligne Houari.

Petits prix qui riment avec qualité. « Il faut tenir compte du pouvoir d’achat. L’offre commence avec du 30 ml au lieu du 50 ml habituel », expliquent les responsables de Pingouin. La volonté du groupe est de démocratiser ce produit et notamment de le commercialiser dans les quartiers populaires et régions éloignées des grands centres urbains. Pingouin -doyen du marché- qui a été repris par Mobigen (produits Henry’s) est actuellement leader de la place. Elle revendique les trois quarts du marché. Son portefeuille est composé de trois marques (Pingouin, Gervais et Miko) auxquelles il faut ajouter les glaces Henry’s qui existent sur le marché marocain depuis 1994.

Question d’hygiène

Salaheddine Ayoubi, directeur général de Pingouin, indique par ailleurs que Henry’s représente 50% du chiffre d’affaires de Pingouin qui a été de 100 millions de DH en 2004. Pingouin fabrique aussi la glace d’une grande chaîne de restauration rapide. Dans le segment des produits à petits prix, le groupe Yasmina est en concurrence directe avec Henry’s. Quant à la marque Häagen-Dazs, qui vise une clientèle plus haut de gamme, le fabricant utilise le réseau des grandes surfaces et supérettes.

Produit sensible, situé entre les boissons et les produits laitiers, la glace est une activité très capitalistique dans la mesure où elle exige des conditions de fabrication et de vente très strictes. eLe choix des matières premières est très important pour sublimer le goût et la qualité », souligne Houari. La question de l’hygiène est aussi primordiale. « Tous les points sensibles sont identifiés et contrôlés dans un processus particulier », déclarent, unanimes, les fabricants de glace. Le responsable commercial de Pingouin indique aussi qu’il faut un suivi des points de vente. « Une malveillance du détaillant et tout retombe sur le fabricant », précise-t-il. La qualité de la glace, c’est non seulement la matière première et le processus de fabrication, mais aussi le conditionnement et le transport.

Les enfants, cible privilégiée

La communication et la publicité occupent également une large part du budget des fabricants de glace. Pingouin consacre environ 5 millions de DH au marketing chaque année. Les enfants sont la cible privilégiée avec une offre de produits vendus à partir de 1,50 DH.

L’offre familiale se développe aussi. Pour le fabricant, le challenge est d’atteindre au moins les chiffres des voisins. Et c’est la raison pour laquelle il a décidé de miser sur le prix. Des prix plus compétitifs pour attirer le maximum de consommateurs vers ce qu’il appelle « le plaisir glacé »…

Fatima El Ouafi

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