Maroc : les pionnières du télétravail


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Drapeau du Maroc
Drapeau du Maroc

Dans un pays comme le Maroc, qui a misé sur les nouvelles technologies, le télétravail fait timidement son apparition, chez les femmes.

En Europe et aux Etats-Unis, le télétravail est encouragé et se développe depuis quelques années. Avec le boom d’Internet, on travaille à domicile en communiquant par e-mails, et le monde s’est rétréci : on peut travailler pour New York en étant physiquement à Berlin. L’Afrique prendra-t-elle ce tournant ?

Manal Ben Jelloun travaille pour la rubrique  » Carrières  » de Wanadoo Maroc et s’est lancée dans une étude sur ce sujet. Pourquoi ?  » Parceque le sujet m’a touchée personnellement « , explique-t-elle.  » Pour moi le problème s’est posé car j’étais mariée, avec des enfants, mais je voulais travailler.  » La solution vient alors du télétravail, qui permet aux femmes d’être présentes chez elles pour garder un oeil sur la maison, tout en aménageant leurs horaires par rapport aux sorties d’école.

Manal explique qu’il existe au Maroc ce que l’on pourrait appeler une forme de  » télétravail  » traditionnel. En effet, de tous temps, les femmes travaillant dans l’artisanat, oeuvrent à domicile. Au Maroc, remarque Manal, le télétravail n’est pas encore appliqué aux nouvelles technologies. On voit pourtant quelques télétravailleuses d’un nouveau type émerger. Ce sont des femmes, pour la plupart journalistes indépendantes, qui ont en commun une forte personnalité et le goût de la diversification. Pour Manal ce sont des  » télétravailleuses qui s’ignorent « , car elles préfèrent se définir comme  » indépendantes « .

Des femmes de tête

Bouchra Muftisad en fait partie. Elle a installé son bureau, chez elle, à Casablanca. Elle explique que c’est au bout de cinq ans passés dans la presse, qu’elle a voulu et décidé ce changement :  » C’est un choix délibéré.  » Pour elle, le télétravail offre de nombreux avantages, et même si elle avoue des problèmes de recouvrement et un manque de législation pour les travailleurs à domicile, cela reste moins pesant que les problèmes rencontrés par les autres entreprises. En effet, elle se contente d’une aide pour son classement, mais n’a pas à gérer de personnel. Elle n’a pas d’infrastructure lourde, et travaille à son rythme, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Elle gère ses horaires comme elle l’entend. Elle est libre.

Quant à Malika Es-Saïdi, elle a grandi en Belgique. C’est à Bruxelles qu’elle a décidé de devenir journaliste indépendante :  » Cela tenait à ma personnalité. J’ai du mal à rester dans le même bureau, à avoir des horaires fixes.  » Travailler en indépendante lui laisse la liberté de rédiger ses textes sur la plage, si elle en a envie, et de se lancer dans des projets très différents. Elle vient par exemple de réaliser un documentaire. C’est aussi une liberté de choix :  » J’ai la chance de pouvoir choisir les supports avec lesquels je travaille.  »

Cette diversité, accentue encore l’incompréhension. En ce moment à Rabat, elle a du mal à expliquer en quoi consiste son travail :  » Rabat est la capitale administrative du Maroc, c’est une ville de fonctionnaires. Ici les gens cherchent avant tout la sécurité de l’emploi. C’est pourquoi le télétravail a plus de chance de se développer dans une ville comme Casablanca, où les jeunes cherchent plus dans le privé.  »

Le Maroc, encore trop frileux

Même son de cloche chez Bouchra. Installée depuis 1994, elle trouve que le travail à domicile est mal perçu au Maroc :  » Depuis deux ou trois ans, les gens commencent à comprendre, mais certains de mes clients n’acceptent pas. Par exemple 2M – la deuxième chaîne de télévision du Royaume – exige un taux de présence obligatoire lors du bouclage. Je pense pourtant que cette façon de travailler peut se développer grâce à Internet, mais pour l’instant la mentalité est encore trop renfermée.  »

Et Manal de renchérir :  » La société marocaine n’a pas encore intégré dans ses moeurs cette nouvelle façon de travailler.  » Pour Malika, le Maroc est un pays  » qui a beaucoup de moyens, mais où les gens ont moins d’audace qu’en Europe. Ils ont peur des prendre des initiatives.  »

Ce sont donc les femmes qui se sont tournées spontanément vers cette nouvelle façon d’envisager le travail. En avance sur leur pays, elles sont encore rares, mais devraient rapidement faire des émules.

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