Une enquête en ligne réalisée par le Cesem de l’école des Hautes Etudes en Management (HEM) à Rabat, vient bouleverser le mythe qui porte à croire que la jeunesse avait été le fer de lance de la mobilisation à travers les réseaux sociaux. En effet, l’étude montre que les personnes âgées de plus de 35 ans au Maroc sont les cyber-militants les plus actifs du pays.
Le Cesem, centre de recherche de l’école des Hautes Etudes en Management (HEM) à Rabat, la capitale du Maroc, a lancé la première étude en ligne sur « le profil des utilisateurs marocains des médias sociaux ». Un questionnaire en ligne auquel ont répondu 456 internautes a permis de faire émerger quatre profils d’utilisateurs des médias sociaux : les « affectifs », les « communicateurs », les « mobilisateurs » et les « observateurs ». L’enquête montre que chez les « mobilisateurs », les plus de 35 ans représentent 37% contre 27% chez les 15 à 24 ans. Les 25 à 34 ans représentent quant à eux 36% de cette catégorie. L’on constate que les plus de 35 ans sont plus actifs que les jeunes lorsqu’il s’agit de mener les troupes sur les réseaux sociaux. Durant le Printemps arabe, ils auraient donc été les leaders du cyber-militantisme au Maroc.
« Nous avons réalisé cette étude, parce que, suite aux évènements dans le Monde arabe, nous avons pris conscience qu’il y avait une carence en terme de données, que les média sociaux, au Maroc, étaient un domaine sous analysé », explique Driss Kiskes, directeur du Cesem et co-auteur, avec Adib Bensalem, enseignant chercheur au Cesem, de l’enquête, rapporte Yabiladi.
Quatre « profils » d’internautes
Les « mobilisateurs » se connectent aux réseaux sociaux pour avant tout exprimer leurs opinions et mobiliser les troupes autour de celles-ci, pour militer. Ce sont généralement des cadres et les professions intellectuelles supérieures (51%), qui appartiennent donc à la frange supérieure de la classe moyenne. Ils surfent surtout à partir de leur lieu de travail pour combler ou compléter leur engagement dans la cité. Ils agissent en ligne comme des aiguilleurs.
Il y a les « communicateurs », ou plutôt les « communicatrices » car ce sont majoritairement des femmes (71% contre 45% chez les hommes), qui surfent pour un « réseautage pro ». Eux, favorisent la création de contenus (pages, vidéos…) que la réaction (commentaires…). Et d’après l’enquête, 90% des Marocaines de la diaspora sont des « communicatrices ». La majorité des « communicateurs» sont des étudiants (52%) et les personnes âgées de 15 à 24 ans (53%).
Les « observateurs » se distinguent par leur faible motivation à recourir aux réseaux sociaux. Ils viennent sur les réseaux surtout pour « se reposer » et ont un comportement passif une fois en ligne. L’enquête de HEM les définit comme étant des « cyber-modérés » voire des « cyber-sceptiques ». Ils se servent des réseaux sociaux plus pour se déconnecter du réel que pour s’y connecter. Les 15 à 24 ans représentent 58% des « observateurs » contre 42% chez les plus de 25 ans. Les étudiants figurent en pôle position avec 51% et 38% pour les cadres et les professions intellectuelles supérieures.
Viennent ensuite les « affectifs » qui privilégient les « rencontres ». Ils prennent les réseaux sociaux pour un espace ludique et récréatif. Leur but principal est de « discuter avec des inconnus », « draguer » ou encore « chercher un soutien moral ». Il s’agit principalement d’hommes, juste là pour passer le temps… Les 15 à 24 ans (59%) et les 25 à 34 ans (25%) sont les plus nombreux parmi cette catégorie de surfeurs. Et la palme revient aux étudiants avec un pourcentage de 56%, suivi par les cadres et les professions intellectuelles supérieures avec 24%.
Le Maroc, 3e utilisateur de Facebook en Afrique
Une étude réalisée entre juin 2011 et mars 2012 par le site Internet Social Bakers rapporte que le royaume chérifien est le troisième utilisateur du réseau social Facebook en Afrique. L’Egypte arrive à la première place suivie de l’Afrique du Sud. Le Maroc est par ailleurs passé de la 36e à la 35e place selon le classement mondial de Social Bakers. Le nombre d’utilisateurs y a augmenté de 503 260 personnes pour atteindre un peu plus de 4,4 millions d’utilisateurs.