Les boulangers marocains sont en grève depuis mercredi, et ce, pour une durée de 48 heures. Ils réclament notamment l’augmentation du prix du pain.
Les boulangers marocains observent une grève inédite de 48 heures depuis mercredi. Ils réclament une « légère augmentation » du prix du pain. « Nous ne demandons pas la lune, juste une légère augmentation de l’unité du pain qui nous revient plus chère que son prix de revient », a martelé Saïd Mougja, représentant de la Fédération nationale des boulangeries et pâtisseries (FNBP), à l’origine du mouvement. Les boulangers revendiquent aussi l’application du contrat-programme 2011-2015 signé par le gouvernement Abbas El Fassi, qui prévoit la création d’une école de boulangerie, une baisse des prix de l’électricité, une réforme de la fiscalité relative au secteur, la résolution des problèmes liés à la sécurité sociale et des mesures de lutte contre l’informel.
Selon Saïd Mougja, la grève est suivie par « plus de 80% » des boulangers, « notamment à Rabat et dans le nord », a-t-il déclaré. Une source gouvernementale a au contraire estimé qu’elle n’était que « peu suivie », rapporte l’AFP.
Des journalistes ont constaté qu’une majorité des boulangeries dans le quartier de Aïn Borja, à Casablanca, était fermée. « Le mouvement touche surtout ceux qui achètent la farine de blé subventionnée par l’Etat », a affirmé un boulanger.
Hausse de 10 à 30 centimes
Le prix du pain subventionné est actuellement fixé à 1,20 dirhams, soit environ 10 centimes d’euros. La FNBP exige une hausse du prix du pain de 10 à 30 centimes. Ce sont plus de 100 millions d’unités qui sont consommées chaque jour dans ce pays qui compte près de 35 millions d’habitants. Le Maghreb est d’ailleurs le premier importateur africain de céréales françaises. D’après le chef de mission Maghreb Afrique de l’association France Export Céréales basé à Casablanca, Yann Lebeau, l’Afrique importe jusqu’à 8,5 millions de tonnes de blé français par an.
Cette grève inédite nous plonge dans l’histoire, lorsque dans les années 1980, des « émeutes du pain » avaient éclaté dans plusieurs grandes villes du royaume, faisant de nombreuses victimes. Aujourd’hui, le gouvernement, mené par les islamistes du Parti Justice et Développement (PJD) a limité le coût de la caisse subventionnant des produits de grande consommation.
Cette grève intervient en prélude de « la marche du 6 avril » organisée par les syndicats du FDT, de la CDT et de l’UMT. Les trois syndicats réclament l’amélioration de la situation des salariés et des fonctionnaires pour leur permettre de mener une vie digne et de pouvoir faire face au coût de la vie.