Les banques commerciales marocaines vont proposer à leurs clients, en mai, trois services halal. Ces produits, nouveaux dans le royaume chérifien, devraient séduire les fidèles soucieux de respecter les préceptes de leur religion.
En Arabie Saoudite, c’est monnaie courante, mais au Maroc, ce sera une première : dès le mois de mai, les banques commerciales du royaume chérifien pourront proposer à leur clientèle des services qui respectent la loi islamique. Le gouverneur de la banque Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, en a fait l’annonce, mardi, à Rabat. Les contrats accompagnant ces nouveaux produits bancaires permettent au client de mener des opérations dans le secteur de l’immobilier (Ijara et Mourabaha) ou de l’entreprise (Moucharaka), en ne contrevenant pas à leur croyance religieuse. Ils entrent ainsi dans le cadre du système de finance islamique, déjà appliqué en Afrique en Tunisie, en Egypte, au Sénégal ou encore au Soudan.
L’Association marocaine de protection et d’orientation du consommateur estime que cette initiative sera bénéfique, « d’autant plus que l’expérience dans d’autres pays a été bonne ». Son président, Bouazza Kherrati, résume les avantages de Ijara, Mourabaha et Moucharaka : « Avec ce partenariat entre le consommateur et l’institution bancaire, le client n’est plus utilisé comme source de revenu car il participe au développement de la société. Les banques ne perdront pas d’argent puisque ce système est basé sur le partenariat, l’investissement et le partage des bénéfices ».
Forte demande de services halal
La demande était, semble-t-il, importante pour de telles prestations. Car les services estampillés halal conviennent notamment aux musulmans et aux chrétiens, dont la religion interdit le riba – qui signifie, en termes financiers, aussi bien « l’usure » que « l’intérêt ». Ces fidèles ne veulent donc pas placer leur argent sur un compte classique rémunéré ou emprunter avec des intérêts. « Tout ça remonte au taux d’usure interdit par la religion. On ne peut pas vendre de l’argent en en gagnant dessus. Il fallait donc trouver un moyen pour que l’argent soit investi ou que les bénéfices soient partagés », confie un responsable de l’Association professionnelle des sociétés de financement du Maroc.
« Des milliardaires refusent de mettre leur argent à la banque pour ne pas recevoir d’intérêts. Ils disent aux banques qu’elles n’ont qu’à faire profiter aux pauvres des intérêts car eux ont assez d’argent », poursuit le responsable de l’APSF. Du coup, Ijara, Moucharaka et Mourabaha pourraient pousser ceux qui préféraient garder leur fortune chez eux à déposer leur argent dans une banque. Bouazza Kherrati prévient que le succès de l’Arabie Saoudite et des pays moyen-orientaux dépend d’une bonne vulgarisation des services qui seront proposés. « Il faut que leur fonctionnement soit bien expliqué au consommateur pour qu’il puisse bien les utiliser », insiste-t-il. Si des subterfuges ne sont pas trouvés pour détourner le riba, les clients devraient reconnaître que le compte est bon.