Le gouvernement marocain a interdit trois journaux pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Il est reproché au Journal, à Assahifa et à Demain, d’avoir publié une lettre d’un ancien opposant mettant en cause les dirigeants actuels de l’union socialistes des forces populaires (UFSP) dans un attentat manqué contre le roi Hassan II, en 1972.
Le général Oufkir se serait entendu avec des proches de Youssoufi pour tenter d’assassiner le roi. Même après sa mort, le conspirateur exécuté en 1972 continue de hanter la classe politique marocaine. La publication de la lettre de Mohamed Basri Fkih, ancien opposant au régime chérifien, a ainsi jeté un grand trouble.
D’abord tétanisé, le parti du premier ministre, Aberrahmane Youssoufi, a lancé ensuite une campagne de presse hystérique contre les trois journaux incriminés. Avant de procéder simplement à leur interdiction.
La victime devient bourreau
Le gouvernement n’a pas pris en compte les changements qu’il a lui-même institués. Les Marocains ne veulent plus rendre la parole. Ainsi, les directeurs des trois journaux refusent de se plier et attaquent cette décision devant la Cour suprême. « Seule la presse partisane a le droit d’exister au Maroc », constate Nour Eddine Miftah, rédacteur en chef d’Assahifa. Et de promettre le retour de son journal pour la semaine prochaine.
L’opposition marocaine observe un étrange silence. Seul Abraham Serfaty s’est solidarisé avec la presse. Dans sa lettre de soutien (à lire sur notre forum), il authentifie l’information. « Je m’élève contre cette décision. Je connais les auteurs de cette lettre. Je sais qu’elles ne mentent pas ».
La ligue marocaine des droits de l’Homme s’interroge sur le changement de cap de Youssoufi. Et lui rappelle ses combats pour les libertés au Maroc. « Le pays ne change pas. Les institutions du pays sont inamovibles. Non seulement elles ne changent pas, n’évoluent pas, mais de nouvelles lignes rouges ont fait leur apparition: l’Armée, le Premier Ministre et les Tortionnaires ».
L’association Reporters sans frontières demande au roi Mohamed VI d’abroger cette décision « absurde et indigne ».