Salma et Soumaya El Ahmadi sont soeurs jumelles mais aussi d’excellentes élèves, et se battent pour que la justice marocaine leur délivre leur examen du baccalauréat qui leur a été refusé.
Salma et Soumaya El Ahmadi sont soeurs. Plus encore, elles sont jumelles et se battent ensemble pour l’obtention de leur baccalauréat qui leur a été refusé. Accusées de fraude, elles ne pourront pas le repasser avant deux ans. Ces deux lycéennes de Berkane, au nord-est du Maroc, ont pourtant obtenu d’excellentes notes tout au long de l’année. Même les résultats à leur examen sont excellents. Salma et Soumaya ont respectivement obtenu les notes de 19,5 et 18,5 en mathématiques, 19,75 et 18,5 en physique-chimie, et 19 en anglais à l’examen national.
Mais ce qui bloque, ce sont les notes qu’elles ont obtenues à l’épreuve de philosophie : 0 chacune. Le correcteur a estimé que les deux copies présentaient un grand nombre de similitudes. La première copie avait auparavant reçu la note de 15. Une décision qui prive les deux jeunes de baccalauréat et de rattrapage durant 24 mois. Les deux filles ont précisé sur Facebook qu’elles n’étaient pas assises l’une à côté de l’autre le jour de l’examen, ce qui rendait impossible le copiage.
Une relation fusionnelle
La famille, les professeurs et les proches des jumelles sont scandalisés et dénoncent une injustice. Tous expliquent la même chose : les deux soeurs ont une relation tellement fusionnelle qu’elles ne font rien l’une sans l’autre. Outre le fait qu’elles allaient au lycée ensemble et qu’elles utilisaient un manuel pour deux, elles ont aussi révisé l’examen à deux et disposent même d’une adresse mail pour deux. L’entourage des deux lycéennes estiment qu’elles ont par conséquent développé les mêmes raisonnements. Leurs professeurs ont indiqué qu’il n’était pas rare qu’elles fournissent les mêmes réponses lors d’examens.
Les parents saisissent la justice
Face à ce qu’ils considèrent comme une injustice, les parents des jumelles ont déposé un recours devant la justice qui, le 3 juillet, a annulé l’accusation de fraude qui pesait sur leurs filles. Mais le président de l’académie d’Oujda, où elles ont passé leur examen, n’a pas voulu appliquer la décision judiciaire. Il a renvoyé l’affaire devant ses supérieurs, le ministère de l’Education, qui lui aussi a refusé d’annuler l’accusation de fraude. Il estime que c’est l’Académie régionale de l’Education et de la Formation (AREF) qui est la seule habilitée à lever les soupçons de fraude.
La famille El Ahmadi n’a pas l’intention de laisser faire. Elle entend déposer de nouveaux recours. Un rapport neuro-psychiatrique a même été établi et dont les conclusions confirment le récit des deux soeurs. Un de leurs professeurs a même rédigé une lettre afin d’attirer l’attention sur le cas des jumeaux/jumelles :
Alors que des manifestations, notes de l’examen et portrait du Roi Mohammed VI comme slogans, ont eu lieu et que le groupe de soutien à Salma et Soumaya a pris de l’ampleur, le ministère de l’Education reste sourd à leurs revendications. L’autre mauvaise nouvelle, c’est que les sessions de rattrapage se sont terminées ce jeudi. A moins d’une décision exceptionnelle, les deux jeunes filles n’auront pas leur baccalauréat cette année, alors qu’elles s’étaient inscrites dans une université allemande…