La rencontre programmée vendredi 22 novembre entre le Roi Mohammed VI et Barack Obama à Washington suscite de nombreux commentaires. Une visite à l’eau de rose accueillie à bras ouverts par les médias américains. Revue de presse.
Vue des Etats, la visite du Roi Mohammed VI à Washington, le vendredi 22 novembre, est l’occasion de renforcer l’alliance entre les Etats-Unis et le Maroc. Cette entrevue entre le souverain et le Président Barack Obama intervient à une date historique puisqu’elle correspond au 50e anniversaire de la mort de Kennedy. Le Sacremento Bee n’a pas manqué de le rappeler en ajoutant que le Président Kennedy avait reçu le père du souverain actuel, Hassan II, quelques mois avant son assassinat. A l’époque, Washington avait déjà souligné « la position d’une importance stratégie dans le monde » qu’occupe le Maroc.
La rencontre entre les deux chefs d’Etat est sans aucun doute une manière pour Barack Obama de réaffirmer sa confiance à l’un de ses plus fervents alliés de la région Mena. Le journal républicain The National Interest le fait d’ailleurs remarqué et titre sur « l’opportunité marocaine de Barack Obama ». Il y explique que cette rencontre est l’occasion pour les Etats-Unis de garantir un soutien déterminant à la politique extérieure américaine.
« Cette rencontre est une opportunité pour les deux chefs d’Etat de s’appuyer sur une alliance historique, alors que l’économie mondiale va mal et que les pays arabes vivent une transition politique difficile », annonce le journal The Hill.
Une amitié longue de trois siècles
Il est important de rappeler que le Maroc fut le premier pays dans le monde à reconnaître l’existence des Etats-Unis. En effet, le 20 février 1778, le Sultan Sidi Mohammed Reconnaît l’indépendance des Etat-Unis, et 8 ans plus tard, le 23 juin 1786, les deux pays signent à Marrakech un « traité d’amitié, de navigation et de commerce ». C’est d’ailleurs la principale raison qui a poussé les Etats-Unis à ne pas reconnaître le protectorat français au Maroc. A la fin du 19e siècle, les Etats-Unis proclament officiellement leur solidarité avec le Maroc face aux appétits coloniaux de certaines puissances européennes.
Le vent du « Printemps arabe » a également soufflé au Maroc sans pour autant déstabiliser le pays à la différence de ses voisins tunisiens, égyptiens et libyens, augmentant ainsi la confiance que portent les Etats-unis au Maroc. Cette stabilité octroie au Maroc la carte de « l’interlocuteur numéro un des Etats-Unis dans la région », comme le pense le journal Your Middle East, qui ajoute que « le Maroc a beaucoup de cartes à jouer lors de cette visite, puisque les Etats-Unis et l’Union Européenne ne sont pas disposés à assurer la transition démocratique des pays arabes ».
Le magazine Forbes place Mohammed VI comme un « allié clé et un souverain ayant initié des réformes audacieuses et installé son pays dans la normalité démocratique ». « La visite aux Etats-Unis du Roi Mohammed VI, un allié clé de Washington et un réformateur audacieux offre l’opportunité de consolider les bases d’un partenariat renouvelé entre les deux Nations », souligne Richard Miniter, spécialiste de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du nord.
La presse américaine reconnaît au Roi sa proximité avec les pays du Golfe et le monde arabe, ainsi que son leadership en Afrique. Elle ajoute également que le Maroc et les Etats-Unis partagent les mêmes idées politiques. Pour The Hill, « les chefs d’Etat sont tout deux favorables à la lutte anti-terroriste dans la région subsaharienne, ce qui nécessite non seulement une coopération sécuritaire, mais également la création d’opportunités économiques ».
La passion du Sahara
Certains journaux n’ont pas manqué de rappeler la récente altercation politique entre le Maroc et l’Algérie à propos du dossier du Sahara occidental. A ce propos, le Las Vegas Sun estime que « l’impasse saharienne peut devenir un problème américain », car depuis le départ des Espagnols, le Maroc veut obtenir le soutien américain au statut autonome qu’il propose aux Sahraouis qui eux revendiquent l’indépendance purement et simplement.
Dans un éditorial paru dans les colonnes du Middle East Channel, Ahmed Reda Benchemsi, journaliste marocain et chercheur à l’université Stanford, estime que « le Président Barack Obama devrait dire au Roi du Maroc que le soutien américain au processus de réforme dépend de changements effectifs sur le terrain. Si les Marocains souhaitent devenir réellement l’exception de la région, le pays doit passer à l’acte. Il ne s’agit pas de nier les avancées du Maroc en terme de réformes, mais plutôt de montrer que les Etats-Unis font la différence entre de vraies réformes et leurs apparences ».
Le journal Ein News invite Washington à bâtir une Afrique du Nord unifiée. Sur le plan économique, le quotidien affirme que le Maroc est perçu comme le partenaire économique africain privilégié. Ein News base son analyse notamment par la présence de grandes banques et entreprises en Afrique subsaharienne. « Cette visite officielle va renforcer les liens économiques et politiques entre le Maroc et les Etats-Unis et ouvrir de nouvelles opportunités pour les investisseurs américains », ajoute Ein News.