Maroc : la transmission de la nationalité sera aussi l’affaire des femmes


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Un nouveau Code de la nationalité pourrait d’ici quelques mois être adopté par les parlementaires marocains. Après la révolution de la Moudawana en 2004, les enfants, nés, notamment au sein de couples mixtes, pourront désormais hériter de la nationalité marocaine par leur mère. Fatima Dhabi, vice-présidente de l’Union nationale des femmes marocaines commente cette petite révolution.

Le projet de loi portant adoption d’un nouveau Code de la nationalité a été approuvé à l’unanimité par la commission de la Justice de la Chambre des représentants ce mardi. Le texte devrait être soumis en séance plénière aux députés marocains pour adoption. Il y a plus de deux ans que les socialistes marocains (Union Socialiste des Forces Populaires, premier parti politique marocain) ont déposé ce projet de loi révolutionnaire. Avec lui, l’article 6 du Code de la nationalité devrait passer de la formule « Est Marocain, l’enfant né d’un père marocain » à « Est Marocain, l’enfant né d’un père marocain ou d’une mère marocaine ». La mesure est attendue avec impatience par les Marocaines qui ont eu des enfants avec un étranger et les Marocains nés de père étranger.

Fatima Dhabi est la deuxième vice-présidente de l’Union nationale des femmes marocaines (UNFM). Fondatrice de l’association, elle siège depuis septembre dernier au Conseil international des femmes. L’UNFM jouit d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (Ecosoc).

Afrik.com : Le projet du nouveau Code de la nationalité a été approuvé à l’unanimité en commission. C’est une bonne nouvelle ?

Fatima Dhabi :
Indéniablement, l’adoption du nouveau code de la nationalité est en bonne voie.

Afrik.com : Que représente la modification de cet article 6 du Code de la nationalité ?

Fatima Dhabi :
Les enfants de mère marocaine et de père étranger pourront désormais se sentir des Marocains à part entière. Ils ne seront plus considérés comme des étrangers chez eux, contraints de vivre dans leurs pays avec des titres de séjour. Avoir une grand-mère marocaine, une mère marocaine et des tantes marocaines et être considéré comme un étranger alors qu’on est dans son propre pays n’est pas une situation facile à vivre. Une jeune fille, née de père soudanais, témoignait encore récemment de ce malaise à la télévision.

Afrik.com : Après l’adoption de la Moudawana, en 2004, qui établit dans son article 54 la coresponsabilité des deux conjoints, l’on n’aurait pu espérer que le processus soit plus rapide…

Fatima Dhabi :
Nous essayons toujours dans notre pays de prendre le temps de la réflexion et de prendre l’avis de toutes les composantes de la société civile. C’est la même démarche qui avait présidé à l’adoption du Code de la famille. Ses amendements sont le fruit des propositions des populations. L’émancipation de la femme marocaine est l’une des priorités du roi Mohamed VI.

Afrik.com : La modification du Code de la nationalité est une étape majeure dans ce sens. Quels sont les autres grands combats qu’il vous reste à mener pour que la Marocaine soit encore plus libre ?

Fatima Dhabi :
Il faudrait, par exemple, que le Code du travail accorde les mêmes droits aux femmes et aux hommes. Les Marocaines ont aujourd’hui presque les mêmes droits que les Marocains. Mais il est tout aussi important de défendre ces droits. Pour cela, il est donc primordial que les femmes sachent les lire et les comprendre. L’alphabétisation et la lutte contre la pauvreté par la formation sont dans cette optique des défis majeurs. Les droits ne se donnent pas, ils s’arrachent.

Afrik.com : Quand le nouveau Code de la nationalité sera voté ?

Fatima Dhabi :
Il sera soumis à la chambre des Représentants. Cela dépendra d’eux, mais l’adoption du nouveau Code de la nationalité est pour très bientôt.

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