Ce sont deux réunions marathon qu’a effectuées Chakib Benmoussa, ministre de l’Intérieur, au Parlement. Objectif: faire le point sur la lutte antiterrorisme et surtout répondre aux attentes de l’opinion publique. Parmi les principales mesures, figure le renforcement du dispositif policier à Casablanca avec le déploiement de 2.000 agents supplémentaires. De plus, 2.700 policiers devront achever leur formation d’ici fin juin. L’alerte est toujours au plus haut avec deux terroristes en fuite et activement recherchés.
2.000 policiers supplémentaires déployés à Casablanca, 2.700 autres finiront leur formation d’ici fin juin… Ce renforcement du dispositif humain renseigne sur le niveau d’alerte encore élevé. Et pour cause, la menace terroriste est toujours présente. L’Etat est conscient du danger qui guette et à tout moment. Pour cela, il a décidé de mettre à la disposition des services de sécurité « les moyens logistiques et matériels pour mieux s’acquitter de leurs missions ». C’est Chakib Benmoussa, ministre de l’Intérieur, qui en a fait la révélation lors de sa réponse aux « questions d’actualité » consacrées aux attentats de Casablanca et posées par les différents groupes parlementaires de la Chambre des conseillers mardi dernier. C’est dans un exposé de près de 40 minutes que Benmoussa a tenté de répondre aux interrogations des parlementaires. Un scénario à l’identique s’est reproduit hier au niveau de la Chambre des représentants. Une démarche pour répondre aux grandes attentes de l’opinion publique et au désordre dans l’information qui circule dans ce domaine.
Chez les conseillers, Benmoussa a été méthodique. Dans un souci pédagogique, il est revenu sur la batterie de mesures prises pour combattre le terrorisme dont a été le théâtre deux quartiers de la capitale économique. En fait, la stratégie globale et intégrée, préparée par les services de sécurité, repose sur plusieurs piliers. Elle s’articule autour de trois objectifs qui se déclinent en réponse au terrorisme qui a déjà frappé en mai 2003. Le premier est d’ordre social et économique. Ainsi, le gouvernement a entrepris des actions dans le domaine social, particulièrement la santé, l’éducation, le logement social et le désenclavement du monde rural. L’Initiative nationale de développement humain ( INDH) a redonné les priorités à la lutte contre la précarité, la pauvreté et l’exclusion sociale. Les efforts déployés en faveur de Sidi Moumen, mis sous les projecteurs par l’origine des kamikazes, se sont concrétisés par des investissements totalisant 728 millions de DH, répartis sur les infrastructures de base, logement et l’animation. A cela s’ajoutent les projets programmés dans le cadre de l’INDH pour un montant de 32 millions de DH.
Réponses multiples au terrorisme
La deuxième réponse a trait au champ religieux. Sa réforme vise à immuniser le pays des conflits extrémistes et d’actes terroristes pour conserver sa vocation de tolérance et de modération. Cela a été possible grâce à la refonte institutionnelle du ministère en charge des Habous et Affaires islamiques et à l’encadrement à travers le travail entrepris au niveau du Conseil supérieur des oulémas (cf. www.leconomiste.com). Le volet pédagogique pour l’éducation islamique et une formation moderne n’est pas en reste.
La troisième réponse est sécuritaire. Il s’agit de restructurer les services de sécurité opérant dans le domaine du terrorisme en vue d’augmenter son efficience. Outre l’adoption d’une loi antiterroriste, les pouvoirs publics ont renforcé la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme. Ainsi, ils ont privilégié l’échange d’informations, des expertises et des techniques avec des pays amis.
Auparavant, un plan de travail a été élaboré en coordination avec les différents services de sécurité, y compris les forces armées, au niveau central et local. Au menu également, le renforcement du contrôle des frontières, particulièrement dans les provinces de Ouarzazate, Errachidia et Figuig ainsi que la surveillance des aéroports et des ports. Le ministre de l’Intérieur a également rappelé la sensibilisation des opérateurs publics et privés en vue de prendre les dispositions nécessaires pour protéger leurs établissements de tout acte criminel.
M. C., pour L’économiste