L’industrie textile marocaine souhaite une dévaluation du dirham alors que les autorités publiques et financières s’y opposent. Selon ces dernières, la dévaluation ne serait une solution que pour l’industrie textile puisque l’économie marocaine dans son ensemble va bien.
L’industrie textile marocaine est favorable à une dévaluation du dirham. Elle estime que la valeur actuelle de la devise marocaine pénalise sa compétitivité internationale, puisque les produits marocains s’avèrent être plus chers. Démarche à laquelle s’opposent le ministère de l’Economie, des Finances, du Tourisme et de la Privatisation et la Banque centrale du Maroc. Ces autorités justifient leur position, selon des sources bien informées émanant de ces deux organes, par le fait que le taux de change réel – taux de change nominal sans l’inflation – est stable. De plus les experts prévoient une reprise de l’euro. Par conséquent, une dévaluation ne s’imposerait pas.
La forte dépréciation de l’euro par rapport au dollar américain est responsable de cette situation. La valeur du dirham est, en effet, indexée sur un panier de monnaies dont la composition est le reflet de la structure du commerce international marocain.
Ceci explique la prépondérance de l’euro, l’Europe étant le premier partenaire commercial du Maroc. La dépendance énergétique du pays confère au dollar américain une place tout aussi prépondérante. La présence de ces deux monnaies impose une conjoncture parfois complexe au dirham. C’est le cas actuellement. Le dollar s’est apprécié d’environ 20% par rapport à l’euro. Ce qui entraîne une appréciation de 12 à 13% du dirham par rapport à l’euro, et inversement une dépréciation de 10 à 11% par rapport au dollar. Ces effets croisés s’annulent quand on considère l’ensemble de l’économie. Les pertes dues à l’euro sont compensées par les gains réalisés grâce au dollar.
L’économie marocaine se porte au mieux quand on considère son taux d’inflation, autour de 1,5%, les recettes engrangées par le tourisme et l’état de la balance des paiements.
L’industrie textile pénalisée
La situation du dirham par rapport à l’euro entraîne une baisse de la compétitivité, en termes de prix, des produits exportés vers l’Europe. C’est le cas de l’industrie textile et en particulier le secteur de la confection. La bonneterie, paradoxalement, connaît une croissance de son activité de 20%.
Une source bien informée au ministère de l’Economie, fait constater cependant que « les monnaies de la plupart des concurrents asiatiques se sont nettement plus appréciées par rapport à l’euro. De plus, il s’agit pour l’industrie textile marocaine de repenser sa stratégie en se diversifiant et en se tournant vers des nouveaux marchés, tels certains Etats musulmans de la CEI (Confédération des Etats indépendants, ex – URSS). Des pays avec lesquels le Maroc pourrait bénéficier d’une affinité culturelle, carte que joue actuellement la Turquie sur ces marchés ».