Durement frappée par la crise financière et économique internationale, l’industrie automobile marocaine connaît un ralentissement de son activité. Le secteur, essentiellement constitué de sous-traitants, souffre de la baisse des commandes des donneurs d’ordre. Si 2008 s’est soldé par des résultats satisfaisants, l’année 2009 s’annonce comme celle de toutes les incertitudes.
Le secteur automobile mondial, malmené par la crise financière et économique internationale, est dans la tourmente. Il s’agirait de la plus grave crise qu’il connaît depuis la deuxième guerre mondiale, d’après certains analystes. Les constructeurs automobiles, y compris les plus grands, sont frappés de plein fouet. Toyota, le numéro un mondial du secteur, table, pour la première fois depuis plusieurs années, sur des pertes financières pour son exercice qui s’achève fin mars prochain. Les ventes sont en baisse sur les principaux marchés. Les productions aussi. Des plans drastiques de réductions de coûts sont annoncés à travers le monde, notamment des suppressions d’emplois.
Le Maroc, qui a placé l’industrie automobile parmi les secteurs stratégiques de son économie, n’est pas épargné. Certes, le marché local se porte encore bien. Sur l’ensemble de 2008, il a affiché une progression de près de 17% sur un an, avec quelque 121 511 nouvelles immatriculations enregistrées, d’après les derniers chiffres que rapporte L’Economiste. Mais la production, notamment celle destinée à l’exportation, n’échappe pas au ralentissement mondial. Les chômages techniques sont de plus en plus nombreux chez les sous-traitants. Ainsi, les filiales chérifiennes des équipementiers américain, Delphi, français, Valeo, et japonais, Sumitomo, ont réduit le temps de travail de leurs employés. Les mesures prises par les constructeurs confrontés à un recul de leurs ventes mondiales, si elles perdurent, pourraient se traduire par une réduction des effectifs dans la sous-traitance, activité très développée au Maroc. Dans un communiqué, Renault, l’un des principaux acteurs du secteur dans le Royaume, à travers sa filiale Somaca, indique que « dans le contexte de crise économique et financière qui devrait se poursuivre en 2009, le pilotage au plus près des stocks et leur réduction resteront une priorité tout au long de l’année 2009 ».
Pas de visibilité sur le premier semestre 2009
En attendant les effets des mesures de relance prises en Europe et aux Etats-Unis, « au Maroc, le secteur n’a pas de visibilité au moins sur le premier semestre de 2009 », indique Ouzif Mohamed, directeur permanent de l’Association pour l’industrie et le commerce de l’automobile (Amica). Conséquence : la baisse des activités chez les équipementiers exportateurs, sur cette période, pourrait atteindre 30 à 40% suivant les entreprises.
Pour les chaînes de montage des voitures à moindre coût, comme la Logan de Renault, et pour les entreprises spécialisées dans la fabrication des pièces de rechange, les marchés marocain et d’Afrique subsaharienne, moins affectés par la crise, pourraient constituer une alternative à l’atonie du marché occidental. « Mais ce ne sont pas des marchés importants » en terme de production, explique Ouzif Mohamed. D’autre part, en terme de consommation, le Maroc absorbe seulement 10% de la production locale du secteur.
L’usine Renault-Nissan de Tanger pas menacée
Pour éviter un scénario de suppression massive d’emplois, les acteurs de l’industrie automobile marocaine négocient depuis début janvier le soutien de leur ministère de tutelle. Selon Ouzif Mohamed, les entreprises sollicitent une aide pour faire face à leurs besoins de trésorerie et sauver des emplois. Cette aide peut se traduire par une réduction de la charge patronale, la réduction du délai de paiement pour les sous-traitants…
Autre inquiétude, elle concerne le projet de construction de l’usine Renault-Nissan sur la zone franche de Tanger, avec à la clé, la création de 6 000 emplois directs à partir de 2010. Il pourrait souffrir de la crise qui frappe l’industrie automobile mondiale. Jusqu’à fin 2008, le gouvernement français a indiqué que cet investissement qui prévoit la fabrication de 200 000 voitures à partir de 2011 et de 400 000 à terme, n’est aucunement menacé. Ouzif Mohamed, directeur de l’Amica, confirme que la construction de ce site n’est pas remise en question. Selon lui, c’est la commercialisation des voitures qui y seront fabriquées qui pourrait être décalée de six mois à peu près.
Même si 2009 semble être l’année de toutes les incertitudes et de toutes les difficultés pour l’industrie automobile. Les professionnels marocains du secteur table sur une croissance de leur marché local. Mais celle-ci sera moins importante que celle de 2008.