Les manifestations sont devenues récurrentes au Maroc où les associations féminines réclament que les nouveaux codes intègrent l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Un combat loin d’être gagné certes, mais les femmes ne comptent pas lâcher prise.
Le Maroc s’est engagé, depuis 2015, à ouvrir un débat approfondi pour voir comment donner plus de droits aux femmes face à une situation discriminatoire en faveur des hommes. Parmi les promesses faites par les autorités, un assouplissement de la législation sur les multiples avortements clandestins pratiqués et qui, au quotidien, compromettent la vie de nombreuses femmes.
A l’époque, une commission avait même recommandé que l’avortement devienne autorisé en cas de force majeure, notamment s’agissant de viol ou graves malformations du fœtus. Seulement, à ce jour, aucune loi n’a entériné ces recommandations fortes. Alors que les associations des droits des femmes ne cessent de réclamer des réformes de la loi sur l’avortement au royaume.
Révision des lois criminalisant l’avortement
D’ailleurs, on se souvient que des dizaines de militantes féministes avaient manifesté à Rabat, en septembre 2022, pour réclamer la révision des lois criminalisant l’avortement au Maroc. Ce, à la suite de la mort d’une adolescente victime d’une IVG clandestine. Seulement, même la déclaration du roi Mohammed VI en faveur d’un changement des lois, pour donner plus de droits aux femmes, n’a pas fait bouger les choses.
Il n’y a pas que la question de l’avortement qui pose problème dans ce pays très ancré dans la religion musulmane. En effet, les relations sexuelles hors mariage demeurent aussi un problème majeur au royaume chérifien. A ce sujet, le collectif Hors la loi, fondé en 2019, mène un combat farouche pour demander notamment la dépénalisation des relations sexuelles hors mariage.
Coresponsabilité entre les l’époux
La réforme du Code de la famille de février 2004 avait pourtant répondu à une attente forte au Maroc. Relative à l’égalité entre les sexes, cette réforme avait été faite en écho avec le mouvement international. Celui-ci considérait la lutte contre les inégalités hommes-femmes comme facteur de développement et de cohésion sociale. Un grand pas de franchi et qui avait suscité beaucoup d’espoir.
Cette réforme avait fait sauter le concept selon lequel l’homme est le chef de famille et donc consacré l’égalité entre les époux dans la gestion des affaires du foyer. Ce, à travers une coresponsabilité entre le mari et l’épouse, au sein de la famille. Sans compter qu’elle avait instauré le droit de la femme à demander le divorce. Seulement, l’application de ces mesures pose toujours problème dans un pays conservateur.
Des femmes décidées à peser sur le débat
Ce dimanche 25 juin, plusieurs dizaines de manifestants sont descendus dans la rue, à l’appel du mouvement Hiya. Cette nouvelle coalition d’associations féministes fondée après l’annonce de la réforme à venir du Code pénal et du Code de la famille a mobilisé place des Nations-Unies, à Casablanca. Une mobilisation qui n’a pas manqué de faire écho.
Ces associations ont interpellé le Parlement, « l’institution qui a le pouvoir constitutionnel de changer les choses ». Cette démarche, disent-elles, vise à montrer qu’au Maroc, les associations féministes sont déterminées à peser sur le débat pour que les nouveaux codes intègrent pleinement l’égalité des droits entre les hommes et les femmes.
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