Le Maroc vient de donner le coup d’envoi de la deuxième interconnexion sous-marine avec l’Espagne. Elle sera opérationnelle en décembre 2005 et permettra de doubler la capacité physique du transit d’énergie entre les deux pays. Objectif : alimenter à moindre coût le marché national marocain de l’électricité.
Le Maroc poursuit le développement de la coopération énergétique régionale. Ainsi, l’Office national de l’électricité (ONE) a signé jeudi 31 juillet un accord avec la société espagnole Red Electrica de Espana (REE) pour la réalisation de la deuxième interconnexion électrique sous-marine à courant alternatif. La première datant de 1998. L’opération a pour objectif de relier le réseau de transport d’électricité du Maroc à celui de l’Espagne à travers le détroit de Gibraltar. La mise en service est prévue pour décembre 2005 et les travaux démarreront une fois l’appel d’offres pour la fourniture des câbles électriques finalisé.
Selon Ahmed Nakouch, directeur-général de l’ONE, cette seconde interconnexion sous-marine entraînera à terme pour les entreprises marocaines une réduction du prix de l’électricité comprise entre 10 et 15%, suivant la tension (haute ou normale). Outre la réduction de la facture énergétique du pays, cette interconnexion vise également à sécuriser l’alimentation du Royaume. Cela, en vue d’améliorer la compétitivité de l’industrie et de l’économie par la diversification de ses sources d’approvisionnement en énergie.
Renforcer les échanges
Pour Pedro Mielgo Alvarez, président de REE, « ce projet permettra non seulement de doubler la capacité de transit de l’interconnexion électrique entre les deux pays, mais il représente également pour le Maroc un moyen d’intégrer le marché européen de l’électricité ». Et d’ajouter que « les entreprises marocaines accéderont à un prix d’électricité comparable à celui du marché européen ». Ce qui n’est pas sans donner un coup de pouce, ô combien nécessaire! à la compétitivité de l’économie nationale. Le projet permettra de renforcer, voire de doubler la capacité physique de transit entre les deux pays voisins qui devrait passer de 700 MW à 1 400 MW. Par ailleurs, ce renforcement de l’interconnexion portera la capacité d’échange commercial entre les deux pays de 400 MW à 1 000 MW. Aujourd’hui, les besoins du marché marocain d’électricité sont chiffrés à quelque 3 000 MW face à un marché espagnol dix fois plus gros (35 000 MW).
Le financement du projet est assuré à parts égales par les deux parties. Son coût s’élève à 117,2 millions d’euros, soit environ 1,244 milliard de dirhams. Une enveloppe qui comprend les montants des contrats relatifs à l’étude du fond marin, l’extension des stations terminales existantes dans les deux pays, la fourniture et la pose de trois câbles d’énergie et deux câbles de télécommunication. Cet accord est financé dans le cadre d’un projet global de renforcement des interconnexions avec les pays voisins et du réseau marocain du transport d’énergie dont le coût s’élève à 3 milliards de DH. Ce projet global sera financé par les fonds propres de l’ONE et par des emprunts auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) à hauteur de 120 millions d’euros, de la Banque africaine de développement (BAD) à raison de 80 millions d’euros et de l’Agence française de développement (AFD) pour 50 millions d’euros.
De notre partenaire L’Economiste.