Driss Basri n’est plus. L’ancien ministre de l’Intérieur marocain, âgé de 69 ans, en exil à Paris depuis 2004, a rejoint son mentor Hassan II, ce lundi. La frustration est grande chez ses détracteurs.
Driss Basri, ancien ministre de l’Intérieur du Maroc et proche du roi Hassan II est décédé des suites d’une longue maladie, ce lundi à Paris. Figure incontournable de la scène politique marocaine sous le règne de SM Hassan II, l’homme est mort dans l’impunité, à 69 ans, laissant perplexes ses nombreux opposants et victimes.
Une politique de répression
Après avoir occupé, en 1973, le poste de commissaire principal à Rabat et celui de directeur de la direction générale de la surveillance du territoire, Driss Basri est nommé en 1974, secrétaire d’Etat à l’Intérieur. Un poste qu’il occupe pendant cinq ans. C’est le Roi Hassan II qui lui donne, en 1979, les clés du ministère de l’Intérieur, qu’il garde pendant 20 ans. A partir de 1985, il gère aussi le ministère de l’Information, en plus du contrôle qu’il exerce sur de multiples collectivités locales.
Basri n’était pas connu pour ses états d’âmes. Il était adepte de l’espionnage, de la torture et de certaines pratiques moyenâgeuses. Ainsi, en tant que bras droit fidèle du roi, il a participé à l’enfermement pendant près de 20 ans de la famille – incluant les enfants – du général Oufkir, qui avait tenté d’opérer un coup d’Etat. Un exemple parmi d’autres de l’implication directe ou indirecte de l’ancien ministre dans de nombreux crimes.
De nombreux crimes impunis
Les victimes ne verront pas leur bourreau jugé. Les membres de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) étaient largement frustrés ce lundi : « Cet homme est parti comme beaucoup d’autres responsables des graves atteintes aux droits de l’homme après avoir vécu dans l’impunité », a indiqué Abdelillah ben Abdeslam, son vice-président. Driss Basri emporte avec lui toutes les vérités, pas toujours bonnes à dire, d’une carrière politique qui aura fait couler beaucoup d’encre et de sang. Répression de grèves ou d’émeutes, comme celle de 1981 faisant un millier de morts. Résultats électoraux truqués, arrestations d’opposants et disparitions, voilà ce qui a caractérisé la carrière du « Vice Roi », comme certains aimaient à l’appeler. Lui avait préféré s’autoproclamer « la femme de ménage du gouvernement », un surnom qui en dit long sur ses activités durant près de 20 ans. C’est le décès du roi, en 1999, qui sonne le glas de sa carrière politique. A peine intrônisé, le nouveau souverain Mohammed VI le limoge, soucieux de marquer une rupture.
Vient alors le temps de l’exil pour Driss Basri. Depuis trois ans, il vivait à Paris, gardant toujours un œil sur la vie politique de son pays. Il critiquait sans cesse l’entourage politique du souverain actuel, le jugeant incompétent.