Maroc : des ONG dénoncent le silence du Royaume face aux violences faites aux migrants


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Une dizaine d’ONG en place à Rabat ont lancé mardi un nouveau cri d’alarme sur la situation des migrants subsahariens au Maroc. Il y a trois semaines, une première alerte avait été lancée, à laquelle les autorités marocaines sont restées sourdes.

Violences physiques, atteintes aux droits fondamentaux, déplacements forcés… Début mars, plusieurs ONG dressaient une longue énumération de la recrudescence des violences faites aux migrants subsahariens qui tentent de passer les frontières de Ceuta et Melilla. Trois semaines plus tard, un seul constat selon elles : leur cri d’alarme est resté lettre morte.

Mardi, elles ont donc entendu lancer un nouveau cri d’alerte, fustigeant par la même occasion le mutisme des autorités marocaines face à la situation. « Alors que tout un chacun peut croiser en pleine capitale des migrants blessés […], nos associations se heurtent à un silence absolu », ont-elles ainsi indiqué dans un communiqué, selon l’AFP.
« Le département de l’Intérieur doit sortir de son silence et s’expliquer sur ce qui se passe dans les environs de Sabta et Melilla. Il est temps de savoir qui est responsable des violations graves des droits de l’Homme qui portent atteinte à l’image du Maroc », a renchéri Mehdi Alioua, le président du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem).

Face au mutisme des autorités, Hicham Rachidi, de la Plateforme protection-migrants, a lui aussi lancé un nouvel appel : « Nous nous adressons d’abord au Conseil national des droits de l’Homme et à l’Organisation des Nations-Unies, pour qu’ils puissent envoyer des observateurs dans ces zones là ».
Outre le silence des autorités marocaines, les ONG ont également tenu à souligner la persistance d’actes de barbarie des forces de l’ordre. « Beaucoup de personnes sont arrêtées avec une extrême violence. Nous recevons des personnes qui sont ramenées à Rabat de manière collective », explique Hicham Rachidi, « c’est ce qu’on appelle les déplacements forcés. Et souvent, on reçoit des personnes qui ont été tabassées, soit par les forces de l’ordre espagnoles, soit par les forces de l’ordre marocaines. Et donc, nous avons dit stop ».

Une recrudescence des violences policières

Devant cette situation de recrudescence des violences, le président du Gadem a directement mis en cause les forces auxiliaires, force semi-militaire sous la tutelle du ministre de l’Intérieur : « Nous ne comprenons pas pourquoi elles cassent les tibias de migrants, les têtes, volent leurs affaires », a-t-il déploré
Ciblant aussi l’Espagne, il a souligné le nombre considérable de migrants ayant été blessés par la Guardia Civil. « Eux aussi tabassent et violent systématiquement le droit international en rejetant les migrants de l’autre côté de la frontière ».
« Nous voulons que cette approche sécuritaire cesse, que l’Espagne puisse respecter le droit espagnol et le droit européen et qu’elle arrête de collaborer de manière indigne avec les autorités marocaines en leur permettant parfois d’ouvrir les grillages et de rentrer en Espagne pour récupérer des migrants », a ajouté le responsable de la Plateforme protection-migrants.
Dernièrement, le centre de soin de l’ONG Caritas de Rabat, qui accueillait une centaine de migrants par jour, a dû fermer ses portes, faute de pouvoir gérer l’afflux de migrants blessés par les frontières grillagées, ou à cause des violences policières.

La pression migratoire sur les deux enclaves espagnoles, Melilla et Ceuta, seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe, s’est considérablement accrue depuis un an, donnant lieu à des tentatives de passage des frontières grillagées en force, de plus en plus organisées.
Il y a un an, l’ONG Médecins Sans Frontières, publiait déjà un rapport dénonçant les agressions dont sont victimes les migrants irréguliers.

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