Maroc : des manifestants commémorent la répression du 23 mars 1965


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Près d’un millier de personnes ont défilé ce dimanche à Rabat pour commémorer l’anniversaire du 23 mars 1965 et exiger une réforme de l’éducation.

Pas moins de 1000 étudiants et militants issus de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et du Mouvement du 20 février, ainsi que des diplômés-chômeurs, ont manifesté ce dimanche à Rabat, la capitale du Maroc, pour réclamer une réforme de l’éducation. Le rassemblement, organisé à l’appel du comité du 23 mars de l’Union National des étudiants du Maroc (UNEM), s’est déroulé dans le calme devant le Parlement.

Les contestataires ont également commémoré les évènements du 23 mars 1965, date à laquelle une sanglante répression a eu lieu contre des manifestations étudiantes. A l’époque, une circulaire interdisant aux élèves âgés de plus de 16 ans de redoubler « le brevet » (équivalent de la troisième) avait provoqué une vague de protestation. Les manifestations, fortement politisées, englobaient toutes les classes sociales. Plusieurs centaines de personnes avaient été tuées.

Hassan II le « tyran »

Nous sommes début mars. Le ministre de l’Education Youssef Belabès publie la circulaire. Mi-mars, l’Union nationale des étudiants du Maroc (Unem), politiquement sous la tutelle de l’Union nationale des forces populaires (UNFP, fondé en 1959 par Mehdi Ben Barka) encouragent les lycéens à réagir contre la décision de Belabès. Le mouvement des lycéens, très autonome, répond à l’appel et un rassemblement a lieu le 22 mars 1965 sur le terrain de foot du lycée Mohammed V. Une foule innombrable d’étudiants était présente, 15 000 selon des témoins. Les manifestants marchent alors pacifiquement jusqu’au siège de la délégation de l’enseignement pour le « droit national », le droit à l’enseignement public.

Avant même d’atteindre le siège de la délégation où un sit-in devait se tenir, les forces de l’ordre interviennent et dispersent les manifestants près du Centre culturel français, dans le centre de Casablanca. Les lycéens se réfugient alors dans les quartiers populaires et rallient les sans emplois et même les passants. Tous se donnent rendez-vous le lendemain sur ce même terrain de foot.

Le lendemain, des milliers de personnes se dirigent vers le quartier emblématique Derb Soltane, bastion de la classe ouvrière casablancaise, puis vers Bab Marrakech, dans le vieux centre-ville. Mais contrairement à la marche du 22 mars, celle du 23 mars est violente. La colère est générale, même les parents d’élèves ont rallié le mouvement. Les chars de l’armée font leur apparition et à 15 heures, les militaires reçoivent l’ordre de tirer : une dizaine de morts selon les autorités, plus de 1 000 selon la presse étrangère et les militants de l’UNFP. Une majorité de victimes ont été enterrées dans des fosses communes.

L’ordre a rapidement rétabli, dans un bain de sang mené par le général Oufkir. Les étudiants voient alors en Hassan II un roi meurtrier et n’hésitent pas le qualifier d’« assassin » et de « tyran » dans les slogans.

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