Des manifestants ont bravé, ce dimanche, la loi du silence. Le mouvement du 20 février a réuni des dizaines de personnes pour contester les dépenses excessives du palais.
Les mouvements de contestation reprennent de plus belle. Mais cette fois-ci, les contestataires gravissent un échelon. Pour la première fois depuis le début du « Printemps arabe », le Mouvement du 20 février a appelé à manifester contre le palais. En cause, le montant du budget attribué à la monarchie : 2,6 milliards de dirhams (234 millions d’euros). Un budget prévu par la loi de finances 2013 et soumis au Parlement. Mais selon la présidente de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Khadija Ryadi, présente à la manifestation organisée ce dimanche à Rabat, « ce budget n’a jamais été discuté au sein du parlement ». « Pour nous, l’essentiel est que les choses soient discutées au Parlement, dit-elle, c’est anormal et non démocratique ». « Honte à toi, tu as gaspillé le budget », scandaient ainsi les protestataires devant le Parlement. Certains portaient des paniers à provisions percés, symbolisant la baisse du pouvoir d’achat.
La manifestation n’aura toutefois pas fait long feu, étant donné la riposte immédiate des forces de l’ordre et des éléments de l’armée. Une répression qui a provoqué les blessures de plusieurs manifestants. Khadija Ryadi remet en doute le droit de manifester dans un pays qui se dit tourner vers la démocratie. Pour sa défense, la police, qui n’a pas hésité à faire usage de la matraque, précise que la manifestation n’avait pas été autorisée.
Crise économique et « gaspillage royal »
La colère des Marocains est double. Le royaume traverse actuellement une crise financière. Après avoir enregistré un taux de croissance de 4,9% en 2011, le Maroc devrait connaître un ralentissement en 2012, à 3%, selon la Banque Mondiale (BM). De plus, le taux de chômage, dont les populations jeunes en âge de travailler sont les plus touchées, est actuellement de 9,9%. Un quart de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Alors qu’on le croyait inerte, le mouvement du 20 février réapparu de manière fracassante dans la rue. Et même si ce rendez-vous dominicale ne rassembla que quelques dizaines de personnes, son thème a de quoi faire trembler un trône déjà mal en point. « Nous allons nous réunir [les membres de l’AMDH] et discuter des prochaines mobilisations », conclut la présidente de l’AMDH.