Le royaume chérifien se trouve une nouvelle fois au cœur d’une tempête politique. Entre soutien à la cause palestinienne et rapprochement avec Israël, le Maroc peine à trouver son équilibre, comme en témoignent les récents incidents sur le sol marocain. Dernier en date, un keffieh qui fait des vagues dans une remise de diplôme à Casablanca.
C’est une scène qui a mis le feu aux poudres. À l’École des sciences et technologies de Benmsik à Casablanca, une étudiante s’est vu refuser son diplôme pour avoir arboré un keffieh palestinien. Le geste du doyen a provoqué un tollé, poussant ce dernier à la démission. Un symbole fort de la tension qui règne dans le pays.
« Cette affaire révèle le malaise profond de la société marocaine face à la normalisation avec Israël« , confie à notre rédaction un observateur politique sous couvert d’anonymat. En effet, le sujet est très sensible car le roi Mohammed VI est toujours le président d’Al qod, chargé de défendre les intérêts du peuple palestinien, alors que le maroc multiplie les gestes de rapprochement avec Israël.
Des navires et des armes
Car l’incident du keffieh n’est que la partie émergée de l’iceberg. Fin 2023, l’autorisation accordée à un navire de guerre israélien de se ravitailler à Tanger Med avait déjà fait grincer des dents. Plus récemment, la signature d’un accord de coopération militaire entre Rabat et Tel-Aviv a ravivé les tensions.
Le Maroc marche sur des œufs. D’un côté, il cherche à moderniser son armée grâce à la technologie israélienne. De l’autre, il ne peut ignorer le soutien massif de sa population à la cause palestinienne. Une situation qui n’est pas sans entrainer des tensions au sein de l’exécutif.
Les universités, nouveaux champs de bataille ?
Désormais, la controverse n’épargne pas le monde académique. Ainsi, l’Université Mohamed VI Polytechnique (UM6P) s’est aussi retrouvée sous les feux des projecteurs suite à des rumeurs d’annulation d’une cérémonie par crainte de manifestations propalestiniennes. Une information démentie par le Club TIZI FGSES de l’établissement. Une déclaration qui peine à convaincre certains observateurs, alors qu’une pétition aurait recueilli plus de 1 200 signatures d’étudiants protestant contre la politique de l’université.
Face à ces tensions, le gouvernement marocain tente de rassurer en assurant que la position sur la question palestinienne est claire et inchangée. Mais entre realpolitik et soutien populaire, le royaume devra faire preuve d’une habileté diplomatique sans précédent pour continuer à naviguer dans ces eaux troubles.