La polémique autour de l’absence de la langue amazighe sur les nouveaux billets marocains continue d’enfler. Les associations pour l’amazigh réclament que cette langue apparaisse au nom de la Constitution.
La communauté berbère marocaine, majoritaire au royaume chérifien, se fait à nouveau entendre. Elle réagit cette fois à l’annonce diffusée fin juillet par Bank Al Maghrib (BAM) de la mise en circulation prochaine de nouveaux billets de banque. Les associations pour l’amazigh réclament que la langue amazighe figure, au même titre que l’arabe et le français, sur ces nouveaux billets. Et pour cause, la nouvelle Constitution, votée le 1er juillet 2011 au cours d’un référendum, a officialisé, après des années de lutte, la langue amazighe, racine du Maroc. C’est donc au nom de la Constitution que les associations pour l’amazigh formulent leur exigence.
La BAM dans le collimateur
La communauté amazighe a l’impression que « seuls les arabes et les français ont le droit de s’identifier aux nouveaux billets de banque », rapporte Amazigh World. Pour rectifier le tir, l’association Azmza pour la culture et le développement a diffusé une lettre ouverte de la communauté amazighe qui demande à la BAM de respecter la Constitution de 2011.
Le président d’Azmza, Rachid El Hahi, a rappelé que « cela fait deux ans que l’amazigh est considérée comme une langue officielle au Maroc. Depuis lors, c’est la première fois que la Banque du Maroc émet de nouveaux billets. Et elle le fait sans tenir compte de ce changement constitutionnel (…) Notre revendication est légale. » L’association marocaine des droits humains (AMDH) a elle aussi souligné le non-respect de la Constitution. « Les billets devraient porter des inscriptions en amazigh, au même titre que l’arabe et le français (…) Il faut que les autorités respectent leurs engagements vis-à-vis de la langue amazighe. Il faut une égalité entre les langues », a justifié son vice-président, Abdelillah Benabdeslam.
L’éveil des consciences
Ce dérapage de la BAM éveille les consciences. La communauté amazighe exporte sa grogne bien au-delà de simples billets de banque. Le président d’Azmza est d’avis que c’est à tous les symboles de l’Etat que la langue amazighe devrait être inscrite de façon automatique. L’Assemblée mondiale amazighe a elle aussi reproché au Maroc son manquement au respect de la Constitution.
Bank Al Maghrib a pris connaissance de la polémique. Tiendra-t-elle compte de ces revendications ? Dans un communiqué paru le 24 juillet, la BAM annonçait la mise en circulation de nouveaux billets à partir du 15 août prochain. Les billets de 200 dirhams (environ 20 euros) seront les premiers à circuler, pour le 14e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI. Les billets de 100 dirhams sortiront à l’occasion de la fête de la Jeunesse, 50 dirhams pour l’anniversaire de la Marche Verte et les billets de 20 dirhams pour la fête de l’Indépendance. L’objectif est de contrecarrer les faux-monnayeurs.