Au Maroc, la population attend toujours de connaître la composition du nouveau gouvernement. Mais la formation de ce dernier semble rencontrer quelques difficultés…
Quelle semaine tumultueuse pour Abdelilah Benkirane ! Le chef du gouvernement aurait quelques problèmes pour composer le nouveau gouvernement que les Marocains attendent depuis les élections anticipées du 25 novembre. La nouvelle équipe gouvernementale devait être dévoilée lundi. Il n’en fut rien. Depuis quelques jours, nous assistons à un défilé d’informations et d’intox et à un Benkirane bien silencieux. Lui qui au lendemain de sa nomination s’est engagé à communiquer avec les citoyens en toute transparence. Aujourd’hui, c’est un voile épais qui couvre la scène politique.
Pourquoi un tel mystère ?
Voilà une semaine que l’opinion publique n’y voit plus clair. Alors que la presse locale parle d’un « blocage » entre le Parti Justice et Bienfaisance (PJD) et le Parti de l’Isltiqlal, le député et ancien secrétaire général du PJD, Saad Eddine Othmani, préfère évoquer « certaines difficultés ». « Il y a eu quelques difficultés, notamment un différend avec le parti de l’Istiqlal à propos du ministère de l’Equipement, mais le problème a été résolu », selon M. Othmani. Il était prévisible que des différends se posent entre le PJD et l’Istiqlal quant à l’attribution des postes ministériels. Avant de s’afficher main dans la main pour former la nouvelle coalition gouvernementale, les deux partis étaient, il y a encore quelques semaines, en totale opposition. L’Istiqlal… Ce parti, qui a géré le pays ces dernières décennies et contre lequel la majorité de l’électorat a voté. Eh bien, le voici de retour !
Un gouvernement à l’ombre des projecteurs
Une première liste a d’ores et déjà été envoyée au Palais. Le cabinet royal, renforcé ces dernières semaines par de nouveaux conseillers, a émis des réserves quant à la désignation de Mustapha Ramid au poste de ministre de la Justice, selon la presse marocaine. Cet avocat de profession à la forte personnalité, contre l’injustice, la corruption et pour une réelle réforme de la justice et une limitation des pouvoirs du roi, est problématique pour le régime. Le « gouvernement de l’ombre », réel dirigeant du Royaume chérifien, ne voudrait pas de lui à ce poste. Et même si la nouvelle Constitution octroie davantage de pouvoir au Premier ministre, il n’en est pas moins vrai que le chef des chefs est le roi ! Et pour le coup, Mohammed VI et son entourage n’ont pas manqué de le rappeler.
Mais il y a un hic dans tout cela. Mustapha Ramid n’a pas été désigné par Benkirane mais a été élu par les militants du PJD à l’issu d’un vote. En toute logique, la démocratie a parlé. Il se murmure que c’est Fouad Ali El Himma, nouveau conseiller du Souverain et grand ennemi de Ramid et du Mouvement du 20 février, qui serait à l’origine de ce véto. Mais d’après El Othmani, aucune réserve n’a été faite. « Ce n’est pas vrai. Aucune réserve n’a été faite concernant M. Ramid. Il ne faut pas oublier que la formation du dernier gouvernement, en 2007, a duré 40 jours. Et 2002, la formation du gouvernement d’Abderrahmane Youssoufi a mis deux mois et dix jours », a-t-il déclaré.
Vacances de fin d’année oblige, la coalition gouvernementale dispose de moins de 24h pour annoncer la composition du nouveau gouvernement. En effet, son altesse royale souhaite boucler ce dossier avant la nouvelle année de sorte à passer ses vacances aux Etats-Unis l’esprit tranquille. Nous saurons alors ce qu’il en est réellement…
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