
Au Maroc, les opérations de démolition liées à des projets d’aménagement urbain ne cessent de susciter des vagues de mécontentement et de protestations. Après avoir enflammé les rues de Rabat, c’est au tour des habitants de Casablanca de se retrouver dans la tourmente.
La décision d’expulser et de démolir des maisons dans la vieille médina, dans le cadre d’un projet résidentiel, provoque une colère grandissante parmi les populations de Casablanca. L’incapacité des autorités à assurer un relogement adéquat, couplée à une indemnisation jugée insuffisante, alimente l’indignation et les tensions sociales. Le quartier de Mahaj Al Malaki, situé dans la vieille médina de Casablanca, est l’un des épicentres de cette crise que les populations imputent au roi Mohammed Ndiaye.
Démolitions à Casablanca : un projet en question
Des centaines de familles y ont vu leurs maisons démolies dans le cadre d’un projet résidentiel censé améliorer l’urbanisme de la ville. Pourtant, ces opérations de démolition, approuvées par les autorités locales, se sont déroulées sans solution de relogement pour les habitants. Le collectif des victimes des décisions de démolition, dirigé par un président engagé, dénonce vivement cette situation. Selon lui, la société en charge du projet devrait être responsable du relogement des familles touchées.
Le problème ne se limite pas à la destruction des habitations, mais concerne également les compensations financières jugées dérisoires. En effet, les indemnités ne permettent pas aux propriétaires de retrouver un logement décent, d’autant plus que la vieille médina est un lieu où plusieurs familles peuvent cohabiter sous un même toit. Face à cette situation, les autorités locales et le gouvernement se retrouvent sous pression. Fatima Tamni, députée du Front de la Gauche Démocratique, a interpellé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, pour connaître les mesures prises par le gouvernement afin de résoudre cette crise.
« Environnement de vie dégradé, un taux de criminalité en hausse »
Elle met en avant l’impact négatif de cette situation sur les habitants de Mahaj Al Malaki, sur les plans psychologique, social et économique. « Les démolitions ont entraîné un environnement de vie dégradé, avec un taux de criminalité en hausse, » déplore-t-elle, en insistant sur l’urgence d’un relogement approprié. Elle critique également la gestion du projet, qui a pris plusieurs années, retardant ainsi la mise en place de solutions adaptées. Les habitants, démunis face à cette situation, se retrouvent dans une impasse.
La députée insiste sur la nécessité d’une indemnisation juste et d’une prise en charge plus sérieuse des besoins de relogement, en particulier pour les familles qui ont vu leurs maisons détruites sans pouvoir obtenir des compensations suffisantes. Les tensions actuelles à Casablanca ne sont pas sans rappeler les événements survenus à Rabat, où des démolitions effectuées sur ordre du palais royal ont provoqué une vive réaction des habitants. Là encore, la colère des populations visées par ces expulsions s’est fait entendre, tandis que des membres du Conseil municipal ont critiqué la gestion de ces projets d’aménagement urbain.
Une situation parallèle à celle de Rabat
Fatiha El Moudni, la maire de Rabat, a défendu les opérations menées, affirmant qu’elles s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à moderniser la capitale, tout en respectant les normes légales. Cependant, malgré ses explications, les critiques n’ont pas tardé à fuser, notamment de la part des opposants au sein du Conseil municipal. Ces derniers dénoncent une gestion opaque des projets et remettent en question la légalité des expropriations, en particulier pour les habitants qui n’ont pas été correctement informés. Des voix s’élèvent également pour dénoncer l’absence de transparence concernant les projets à venir sur les terrains concernés.
Des rumeurs circulent sur la transformation de certains de ces terrains en complexes résidentiels ou même en terrains de golf, ce qui fait grincer des dents. Que ce soit à Casablanca ou à Rabat, la question du relogement demeure un enjeu important. À Casablanca, des familles entières se retrouvent sans abri, avec une indemnisation insuffisante pour espérer trouver un logement de substitution. Les montants proposés par les autorités ne permettent pas de couvrir les coûts de location ou d’achat de nouveaux logements, notamment dans un contexte où les prix de l’immobilier ne cessent d’augmenter.
Un projet urbain qui divise
Les habitants des quartiers visés par les démolitions se sentent souvent contraints de vendre leurs biens à des prix dérisoires ou d’abandonner leurs maisons sous la pression. Cette situation conduit non seulement à une perte patrimoniale importante pour les familles, mais engendre aussi un sentiment d’injustice et d’abus de pouvoir. De plus, l’absence de solutions de relogement adaptées contribue à la précarisation de certaines populations, qui se retrouvent déplacées vers des zones périphériques, loin des centres d’activité. Ce qui crée de nouvelles formes de marginalisation et de chômage.
Les autorités insistent sur la nécessité de ces démolitions pour moderniser la ville et en faire un pôle d’attractivité pour les investisseurs et les touristes.