Le roi Mohammed VI souhaite « une nouvelle dynamique » entre son pays et l’Algérie voisine. Dans son discours samedi à l’occasion du 12ème anniversaire de son intronisation, il a appelé à la « normalisation » des relations entre les deux Etats, évoquant publiquement une « réouverture des frontières terrestres ». Cependant le rapprochement souhaité se heurte à l’épineuse question du Sahara occidental.
Un discours sous le sceau du rapprochement entre le Maroc et l’Algérie. A l’occasion du 12ème anniversaire de la célébration de son accession au trône, samedi à Tanger (nord), le roi du Maroc Mohammed VI a affirmé sa ferme volonté d’établir des relations nouvelles avec l’Algérie. «Fidèle aux liens séculaires de fraternité qui unissent nos deux peuples et soucieux de répondre aux aspirations des générations montantes, nous tenons à l’amorce d’une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales entre nos deux pays frères, y compris la réouverture des frontières terrestres», a déclaré le souverain chérifien.
La frontière entre les deux pays a été fermée en 1994 à la suite d’un attentat terroriste à Marrakech (sud du Maroc). Les autorités marocaines avaient rendu les services secrets algériens responsables de l’attaque. Le monarque a souhaité tourner cette page sombre de leur histoire. Selon lui, le rapprochement entre les deux pays doit exclure « tout immobilisme ou ostracisme incompatible avec les liens de bon voisinage, l’impératif d’intégration maghrébine, les attentes de la communauté internationale et de [leur] espace régional».
Coopérations en cours
Depuis quelques semaines, les relations entre les deux pays ont commencé à se réchauffer. Des missions ministérielles et diplomatiques ont été envoyées dans l’un et l’autre Etat. Mohammed VI a insisté sur la nécessité de promouvoir des « relations de coopération fructueuse et de solidarité.» Il a tenu à marquer son adhésion au projet d’Union du Maghreb arabe (UMA). «Nous demeurerons attachés à la construction de l’Union maghrébine en tant que choix stratégique et projet intégrateur incontournable », a-t-il indiqué. Le souverain a déclaré être déterminé à « venir à bout des obstacles qui entravent, hélas, la mise en œuvre de ce projet dans le cadre d’un processus sain et cohérent ». Créée en 1989, l’UMA est une organisation politique et économique qui regroupe l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Son siège se situe à Rabat, la capitale marocaine.
La Société nationale des hydrocarbures d’Algérie (Sonatrach) et l’office national de l’Electricité marocain (ONE) ont signé dès le lendemain du discours royal un accord de coopération. La Sonatrach livrera 640 millions de M3 de gaz annuel à l’ONE, à compter de septembre prochain. Le combustible sera utilisé dans la centrale d’Ain Beni Mathar d’une capacité de 470 MW qui combine le gaz et le solaire et celle de Tahaddart d’une capacité de 385 MW.
La question du Sahara occidental
Reste la question du Sahara occidental, une des pierres d’achoppement entre le Maroc et l’Algérie. Ce conflit bloque la construction de l’UMA. Mohammed VI a déclaré lors de son allocution aux Marocains que les réformes mises en place vont constituer un« puissant soutien à l’initiative d’autonomie (marocaine, Ndlr) en tant que solution politique et définitive au conflit artificiel suscité autour de notre Sahara ». Il a affirmé que cette solution « doit être recherchée à travers une négociation responsable, animée par un esprit de consensus et de réalisme, dans le cadre des Nations Unies. »
Cependant, il n’entend céder aucun territoire qui selon lui revient au Maroc. « A cet égard, nous réaffirmons que la question de notre intégrité territoriale restera la priorité des priorités dans notre politique intérieure et extérieure », a-t-il précisé. La dernière résolution 1979 du Conseil de sécurité de l’ONU donne au peuple sahraoui, dont le territoire est revendiqué par le Maroc d’un côté et le Front Polisario soutenu par l’Algérie de l’autre, la possibilité de choisir librement son destin, dans le cadre d’un référendum d’autodétermination.