Le gouvernement algérien vient de prendre une nouvelle mesure pour « punir » la France. La raison : l’affaire Amira Bouraoui. Alger refuse d’accueillir ses ressortissants expulsés de France et avait rappelé son ambassadeur à Paris. Un peu comme avait fait le Maroc, qui avait démis de ses fonctions l’ambassadeur du royaume en France. Aussi pour protester.
C’est de la diplomatie violente, dans les termes les plus durs, que le Maroc et l’Algérie exercent sur la France. Ces deux pays d’Afrique du Nord sautent sur la moindre occasion pour exercer une pression sur l’Hexagone. Des décisions aux allures de chantage qui ont souvent des répercussions sur toute l’Europe. On se rappelle, en effet, du changement de position par l’Espagne sur la question du Sahara que Rabat avait fait cher payer à l’Europe.
Alger accusée de singer Rabat
A l’époque, les autorités royales n’avaient pas hésité à jouer la carte de l’émigration pour contraindre Madrid à revenir sur sa position. Volontairement, le Maroc avait laissé des milliers de migrants franchir la frontière espagnole et regagner l’Europe. En raison de l’hospitalisation de Brahim Ghali en « catimini » sur le territoire espagnol, Rabat avait exercé une forte pression sur Madrid. Nous étions en mai 2021.
Près d’un an plus tard, les autorités algériennes étaient accusées de tenter de mettre cette même pression sur leurs homologues espagnoles. Juin 2022, en effet, le CNI (Centre national de renseignement) alertait le gouvernement espagnol de l’arrivée massive de migrants en provenance d’Algérie. Le service de renseignements espagnol indiquait que la tension entre Alger et Madrid serait à l’origine de cette invasion annoncée de migrants. Et pas moins de 10 000 migrants étaient attendus à Formentera, Ibiza, Murcie et Almeria.
Froissé par le Parlement européen, Rabat réagit
Entretemps, il y a eu l’accalmie, jusqu’à ce que le Maroc se sente froissé par le Parlement européen. Dans une résolution, le Parlement européen appelait, le 19 janvier 2023, le Maroc à cesser le « harcèlement de tous les journalistes ». Dans le texte, les élus se disaient « profondément préoccupés par les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen ».
Un acte de trop, estiment les autorités marocaines et qu’il fallait sévèrement sanctionner. En effet, Rabat décide de mettre fin à la mission de l’ambassadeur du Maroc en France. « Conformément aux hautes instructions royales, il a été décidé de mettre fin aux fonctions de Mohamed Benchaâboun en tant qu’ambassadeur de Sa Majesté auprès de la République française, à compter du 19 janvier 2023 ». Une décision qui a pris effet le même jour que la résolution du Parlement européen.
Des pressions aux allures de chantage
Comme si cela ne suffisait pas, voilà que l’Algérie en remet une nouvelle couche. Plutôt plusieurs nouvelles couches. Ce, en raison de l’affaire de la militante des droits de l’Homme et journaliste, Amira Bouraoui. La Franco-Algérienne très critique à l’égard le régime de Tebboune faisait l’objet d’une interdiction de quitter le territoire algérien. Via la Tunisie, la journaliste était parvenue à rallier la France après avoir été placée sous protection du consulat français à Tunis. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une colère noire d’Alger.
En effet, l’ambassadeur algérien en France, Saïd Moussi, est rappelé pour consultations. Alger ayant décidé de montrer sa désapprobation vis-à-vis de Paris. En plus d’avoir lancé une traque contre la famille d’Amira Bouraoui, l’Algérie tente de punir la France. On apprend, en effet, qu’Alger refuse d’accueillir les migrants illégaux, personnes condamnées où potentiels terroristes expulsés par Paris. Bref, des pressions qu’exercent, à tout bout de champ, le Maroc et l’Algérie sur la France. Lesquelles pressions prennent, de plus en plus, des allures de chantage.