Maurice Mouke est congolais d’origine. Il vit depuis 16 ans à Kiev et a décidé, il y a 3 ans, de créer une société d’import-export entre l’Afrique et l’Ukraine. Métissage inattendu mais enrichissant : » Mukexport » engrange les bénéfices et les faits-touts slaves connaissent un vif succès sur le continent africain.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Maurice Mouke n’a pas froid aux yeux. Juriste installé à Kiev depuis 16 ans, il s’est lancé depuis quelques années dans les affaires. Ce Congolais n’oublie pas ses origines : il a déniché un créneau pour une société de courtage entre l’Afrique et l’Ukraine. Exporter des marmites de Crimée à Pointe-Noire, il fallait y penser. Mukexport-Ukraine tente l’expérience. La petite entreprise emploie déjà cinq personnes, dont quatre Africains. Avec un chiffre d’affaires qui progresse régulièrement, on peut parler d’un joli succès. Interview.
Afrik : Quels types de produits exportez-vous d’Ukraine vers l’Afrique ?
Maurice Mouke : Pour le moment, nos clients sont basés au Congo, en République démocratique du Congo, en Algérie et au Togo. En Algérie par exemple, nous vendons du blé et de la farine. Au Congo, nous avons un client pour du ciment mais cela patine un peu. Nous vendons également des marmites, du papier hygiénique, des allumettes…Les produits sont fabriqués en Ukraine et livrés en Afrique pour un prix de revient inférieur à celui que l’on pourrait trouver sur place. Nous prenons une commission de 8%.
Afrik : Mais avec le prix du transport, est-ce que ça ne revient pas plus cher d’acheter des produits venus d’Ukraine lorsqu’on est en Afrique ?
Maurice Mouke : Pas du tout. L’Ukraine regorge de potentialités économiques qui ne trouvent pas de débouchés. Je vous donne un exemple : pour un container de 20 tonnes d’allumettes – ce qui fait environ 840 000 boîtes -, le trajet depuis l’usine qui les produit en banlieue de Kiev jusqu’à Pointe-Noire au Congo coûte 2 991 dollars. Les allumettes coûteront donc au client, tous frais compris, environ 9300 dollars. Nous ne percevons là-dessus que notre commission de 8%. Le prix est donc très avantageux.
Afrik : Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans cette aventure ?
Maurice Mouke : Lorsque j’allais en vacances au pays ou en France, je ramenais souvent des ustensiles de cuisine et des marmites qui se vendaient comme des petits pains. Mais, faute de fonds, je ne pouvais pas satisfaire la demande. J’ai donc prospecté pour trouver des relais et j’ai mis moi-même en place une base de données de clients. J’ai finalement été contacté par un homme d’affaires congolais que j’ai mis en relation avec une usine qui produit des marmites en Crimée. Il a pu voir le catalogue. Lorsqu’il le souhaitera, il pourra venir voir lui-même l’usine. Tout est clair.
Afrik : Est-ce que vous avez déjà pensée à faire l’inverse : exporter des produits africains en Ukraine ?
Maurice Mouke : Faire du commerce dans l’autre sens, depuis l’Afrique vers l’Ukraine, me semble beaucoup plus difficile. A la limite, il serait intéressant d’importer des fruits, mais c’est un domaine spécial que je n’ai jamais abordé.
Afrik : Vivre et faire des affaires en Ukraine, pour un Congolais, est-ce facile ?
Maurice Mouke : Je n’ai jamais eu aucun problème. Je vis ici depuis 16 ans. Je suis venu faire mes études de droit international ici. Je suis en règle et parfaitement bilingue. En marge de Moukexport, je continue à faire du consulting et de l’assistance juridique. Sans aucun souci.