Mario Combo : « Ma musique n’a pas de frontières »


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Après ses deux précédents albums, « Dimbea Mba » et « The Mirror », le chanteur camerounais Mario Combo, installé en France depuis une dizaine d’années, sort son nouvel album « Dimbambè ». Il y propose une musique chaleureuse mêlant des sonorités traditionnelles camerounaises, mais aussi cubaines et brésiliennes. Fidèle à lui-même, l’artiste camerounais à la voix douce et mélodieuse, qui chante dans plusieurs langues de son pays d’origine, évoque l’amour, la paix et les problèmes d’identité que beaucoup rencontrent dans le monde actuel. Rencontre.

Un artiste à la carrure imposante et au cœur doux

La carrure imposante de ce colosse d’1m80 ne laisse pas indifférent. Mais derrière son physique évoquant celui d’un sportif de haut niveau, une grande douceur émane de Mario Combo, qui s’exprime toujours avec une voix calme et posée, comme dans ses chansons. Sa musique dépasse les frontières de son Cameroun natal pour transporter ses auditeurs vers des contrées lointaines, comme le Brésil ou Cuba.

« C’est d’ailleurs un percussionniste brésilien, » dit-il fièrement, « qui joue dans mon nouvel opus. »

Bien qu’il vive en France depuis près de dix ans, Mario Combo n’a jamais oublié ses racines africaines. Père de deux filles et aîné d’une fratrie de six enfants, il est né en 1971 à Douala, où il a grandi et fait ses premières armes avant de tenter l’aventure européenne.

« Il est important de savoir qui on est et d’où on vient, » martèle-t-il sans cesse.

C’est pourquoi il a choisi de chanter dans plusieurs langues traditionnelles camerounaises, bien qu’il aurait pu opter pour l’anglais ou le français. Né d’une mère bassa et d’un père malimba, il considère ces langues comme une part essentielle de son identité et s’efforce de les valoriser dans sa musique. Son nouvel album, « Dimbambè », qui signifie « identité », est aussi une histoire de rencontre : celle de deux artistes, Blick Bassy et Mario Combo, qui l’ont conçu ensemble.

Un style musical riche en influences

Afrik.com : Vous chantez toujours de façon très douce, avec des rythmes qui rappellent le Brésil ou Cuba. Est-ce une manière d’affirmer votre authenticité musicale ?

Mario Combo : Je suis juste dans une certaine continuité de ce que je faisais auparavant. J’ai toujours pensé la musique ainsi. Ce que je fais me ressemble, je l’exprime donc naturellement et je m’efforce d’écouter mon intuition pour m’orienter vers les éléments qui me parlent.

D’où tirez-vous vos nombreuses influences musicales ?

Elles proviennent de mes écoutes. La musique, c’est un mélange de couleurs et d’influences. Je ne me limite pas à des horizons précis. Ma sensibilité musicale est universelle. Je suis attiré par les percussions, la musique acoustique, celle des Caraïbes ou du Brésil, qui, historiquement, font partie de l’Afrique. Toutes ces musiques viennent d’Afrique, il faut le rappeler. Même jouées de manière lente et douce, elles dégagent une chaleur particulière, reflet d’un certain état d’esprit.

Des messages profonds portés par l’album

Dans votre titre « Identité », vous évoquez un problème très actuel. Quels sont les messages que vous voulez transmettre à travers cet album ?

Je travaille sur des thèmes universels comme l’amitié, la paix, et l’harmonie avec les autres. Je ne vais pas chercher loin : j’évoque des choses qui me touchent. Les questions d’identité, par exemple, me parlent profondément. Aujourd’hui, beaucoup se demandent : « Qui suis-je ? Pourquoi ne suis-je pas accepté ici ou là ? » Ce sont des dilemmes humains que j’aborde pour apporter ma contribution artistique.

Une production soignée et méticuleuse

Comment avez-vous préparé l’album ?

J’ai enregistré cet album en France. Cela m’a pris deux ans de travail. Après « The Mirror », j’ai voulu explorer de nouvelles sonorités et créer un projet différent. Je suis quelqu’un qui écoute beaucoup les autres et qui s’inspire de ce qui se fait. Mais je veille toujours à produire une musique qui me ressemble et reflète ce que je pense profondément.

Quels artistes et musiciens vous ont le plus inspiré ?

J’ai tellement écouté d’artistes que je ne saurais en citer un plus qu’un autre. Les percussions ont toujours eu une place importante pour moi, car elles transmettent des messages universels. Quand j’étais petit, j’écoutais aussi beaucoup de salsa, notamment dans une émission dominicale à la radio. J’adorais ce mélange de rythmes et de sonorités.

De nombreux artistes africains dénoncent l’absence de structures musicales fortes en Afrique. Quel est votre avis ?

C’est un problème réel, mais il faut dépasser la critique et agir pour construire l’Afrique de demain. Il existe de nombreuses opportunités sur le continent. Mon objectif n’a jamais été de m’installer définitivement en Europe. J’y suis venu pour apprendre, rencontrer des gens et ramener cette expérience chez moi. L’idée est de montrer que l’Europe n’est pas un eldorado. Nous devons travailler à développer nos pays.

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