
Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement National (RN) et députée à l’Assemblée nationale française, a effectué une visite de trois jours au Tchad.
Son séjour a été marqué par une rencontre avec le président Mahamat Idriss Déby Itno, suivie d’une audience à l’Assemblée nationale tchadienne. Un déplacement qui suscite des interrogations et divise l’opinion.
Une rencontre au sommet avec Mahamat Idriss Déby Itno
Marine Le Pen a été accueillie en grande pompe à son arrivée au Tchad. Elle a rencontré le président Mahamat Idriss Déby Itno dans sa résidence privée à Amdjarass, un lieu symbolique pour le chef de l’État tchadien, particulièrement durant le mois de ramadan. Les discussions ont porté sur les relations franco-tchadiennes, fragilisées par la rupture des accords de coopération militaire entre les deux pays.
Lors de cet échange, Marine Le Pen a exprimé son souhait de voir les liens entre la France et le Tchad se réchauffer, insistant sur la nécessité d’un dialogue constructif. Elle a déclaré : « Lorsque l’on est amis depuis 200 ans, un froid peut être facilement surmonté, à condition de s’écouter », marquant ainsi son intention de jouer un rôle dans le rapprochement entre les deux nations.
Une visite remarquée à l’Assemblée nationale
Après son entretien avec le président tchadien, Marine Le Pen s’est rendue à l’Assemblée nationale où elle a été reçue par son président, Ali Kolotou Tchaïmi. Les discussions ont porté sur les relations interparlementaires et la volonté de renforcer les groupes d’amitié entre les deux pays.
Marine Le Pen a profité de cette rencontre pour réaffirmer sa vision des relations internationales, insistant sur l’importance du respect mutuel et de la coopération égalitaire entre les nations. De son côté, Ali Kolotou Tchaïmi a souligné que la fin des accords militaires ne signifiait pas une rupture totale de la coopération entre le Tchad et la France, laissant ainsi entendre qu’un dialogue restait possible.
Un accueil protocolaire qui fait débat
Si cette visite a été présentée comme une mission parlementaire classique, l’ampleur du protocole réservé à Marine Le Pen a suscité des critiques. L’opposant Max Kemkoye, président du groupe Gcap, a jugé cet accueil « inédit et incongru », rappelant que le Mouvement patriotique du Salut, parti au pouvoir, se revendique de la social-démocratie, loin des idées portées par le RN en France.
Ali Kolotou Tchaïmi a toutefois tempéré ces critiques en indiquant que Marine Le Pen avait été accueillie de manière protocolaire comme toute personnalité étrangère en visite officielle. Il a insisté sur le fait que cette visite devait être perçue comme un événement diplomatique et non comme une prise de position politique du gouvernement tchadien.
Une visite aux implications multiples
La visite de Marine Le Pen au Tchad, bien que présentée sous un angle parlementaire, pose plusieurs questions sur ses réelles intentions. En exprimant son souhait de rétablir des relations plus apaisées entre la France et le Tchad, elle se positionne comme une interlocutrice alternative à la diplomatie française officielle, une stratégie qui pourrait à terme servir son agenda politique en Afrique.
Cette visite révèle également l’importance que les dirigeants tchadiens accordent aux relations avec la France, malgré les tensions récentes. La question reste désormais de savoir si cette initiative parlementaire aura un impact réel sur l’évolution des relations bilatérales entre les deux pays.