Mariana Ramos a tout pour devenir LA nouvelle ambassadrice de la musique capverdienne en France. Elle est belle, talentueuse, généreuse. Et surtout : elle chante à merveille. Portrait en note majeure.
Enfant, Mariana passait son temps à chanter, assommant ses parents à coup de doubles croches et faisant résonner la maison de ses vocalises. Aujourd’hui, Mariana a grandi mais chante toujours, avec bonheur et espièglerie. Et avec sa voix suave, de force et de douceur mêlées, elle est l’une des chanteuses montantes du Cap-Vert. Une perle rare qui, de concerts intimes en passages remarqués, se fait une place de choix sur la scène de la musique capverdienne.
Avec des parrains prestigieux qui la soutiennent et l’épaulent, il ne pouvait en être autrement. « C’est Téophilo Chantre, que je connais depuis plus de 15 ans, qui m’a vraiment poussée à chanter en créole », explique-t-elle. Longtemps, la belle hésite entre différents styles, différentes langues. « J’ai mis du temps à me trouver : j’ai chanté en brésilien, en français, en anglais (j’ai repris des standards de jazz notamment). Pour moi, la musique capverdienne, c’était la musique de mon père, c’était trop traditionnel ». Résultat : son premier album, Di dor em or, sorti au printemps 2000, s’inspire de la musique capverdienne tout en la mélangeant avec des genres qui lui tiennent à coeur : on y croise des accents jazzy et quelques notes de fado.
Prédestinée à la France
Ses idoles ? Mariana n’hésite pas : Edith Piaf pour la chanson française, genre qu’elle affectionne particulièrement, et les grandes chanteuses de jazz comme Ella Fitzgerald ou Sarah Vaughan. Déterminée et bosseuse, Mariana a tout d’une grande. Son père a du mal à dissimuler sa fierté : « Elle a vraiment une voix », dit-il. Et il sait de quoi il parle. Antonio Ramos, dit Toy, est un guitariste qui, avec son groupe Voz de Cabo Verde fondé en 1966, a été l’un des premiers porte-flambeaux de la musique capverdienne en Europe. Aujourd’hui, il accompagne sa fille et lui a écrit des compositions pour son prochain album.
C’est en France que cette chanteuse solaire à la beauté irradiante mène sa carrière. Normal. « Je suis née à Dakar, ville francophone et Françoise est mon prénom de baptême. J’étais prédestinée à venir en France ! » Après une enfance passée au Cap-Vert chez les grands-parents, la famille Ramos se recompose. Mariana a 7 ans. « Ma mère était domestique dans le 16ème arrondissement de Paris. Comme nous lui manquions trop, elle nous a fait venir avec mes frères et soeurs. Nous nous sommes retrouvés à cinq dans une chambre de bonne mais qu’est-ce qu’on était heureux d’être ensemble ! » se souvient-elle. Elle a 8 ans lorsque la famille déménage aux Lilas, dans le 91, ville qu’elle habite toujours.
Depuis 1998, Mariana retourne au Cap-Vert pour des concerts et des tournées. « C’est grâce à ma musique que j’ai pu retrouver mon pays. Le billet d’avion est tellement cher ! Mes enfants parlent un peu le créole, le comprennent. Mais mon rêve, c’est de les emmener là-bas : il faut qu’ils découvrent le pays de leur mère ! » Le succès aidant, le rêve pourrait bientôt devenir réalité.
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