L’actualité inspire les artistes ivoiriens. Extrait de l’album du groupe Fabeti, dans les bacs le 15 juillet prochain en Côte d’Ivoire, la chanson « Marcoussis » a déjà le profil d’un tube. Loin d’un quelconque militantisme, le titre se veut avant tout un témoin de l’Histoire.
A l’heure où la Côte d’Ivoire panse laborieusement ses blessures, les artistes du pays apportent eux aussi leur pierre à l’édifice. La pierre de la paix et la réconciliation nationale. Dernier exemple en date : la chanson « Marcoussis », extrait de l’album du groupe Fabeti. Avant même la sortie officielle du disque en Côte d’Ivoire, le 15 juillet prochain, on peut prédire au titre un bel avenir. Outre le fait qu’il soit dansant en diable, ce zouglou de très bonne facture, inspiré par les Accords de Marcoussis, s’inscrit dans l’actualité et dans l’Histoire.
Pour autant, Thio, 24 ans, le leader vocal de la formation (Fanchou, Thio et son grand frère Beran) refuse pour « Marcoussis », l’étiquette d’une chanson militante ou opportuniste. « Nous sommes des artistes. Nous sommes la voix du peuple, une caisse de résonance. Le seul parti que nous prenons est le parti de la paix. A travers « Marcoussis », nous voulions témoigner des sombres événements qui ont secoué notre pays et remercier les Ivoiriens qui sont restés du Côté de la République ».
Laurent Gbagbo en guest star
A l’image d’artiste tel que Gadji Celi, Fabeti ne pouvait pas rester les bras croisés face au conflit fratricide. Si le groupe affiche un profond patriotisme, il ne se montre pas, pour autant, revanchard à l’encontre de ceux qui ont pris les armes contre le pouvoir. « Nous sommes prêts pour la paix. Il faut seulement s’élever pour dire : « Plus jamais ça ! » », commente Thio. Coup de maître, la chanson jouit d’un featuring présidentiel. Laurent Gbagbo en personne. Non pas qu’il ait décidé de se lancer dans la chansonnette, le Président ivoirien est ici samplé dans son premier discours au retour de Marcoussis où il explique l’intérêt des accords controversés.
Le titre « Marcoussis » prend également pour lui une autre dimension. « Il s’agit aussi pour nous d’un hommage à feu Marcellin Yacé (célèbre producteur et arrangeur ivoirien) avec qui nous étions déjà en studio bien avant les événements. Il a malheureusement été abattu la nuit de l’insurrection (nuit du 18 au 19 septembre 2002, ndlr). Un choc terrible pour nous ». Un choc qui mettra momentanément fin à la production de l’album.
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Malgré la pertinence fort à propos de « Marcoussis », le groupe a décidé que ce n’est pas ce morceau qui assurerait la promotion de l’album. Ils ont choisi pour cela « Petit cellulaire », dont le rythme correspond à celui de la nouvelle danse à la mode (la sagacité). « La chanson passe déjà à la radio et dans les maquis (restaurants de quartier, ndlr) les gens se mettent à danser alors qu’ils ne connaissent pas encore le groupe », se félicité Thio. Pas d’inquiétude cependant pour le titre « Marcoussis », « il n’aura pas besoin de publicité pour être connu car beaucoup de gens se reconnaissent dans ce qui y est dit ».
Fabeti, Les héritiers du peuple, Music Media Network (2M.net), 2003
Ecoutez en exclusivité un extrait de « Marcoussis »