Marche de la coalition Lamuka : retour sur une matinée chaude à Kinshasa


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L'opposant congolais, Martin Fayulu
L'opposant congolais, Martin Fayulu

Les militants de la coalition Lamuka ont été confrontés, mercredi matin, aux éléments de la police kinoise déployés pour empêcher la tenue de leur manifestation. La répression a été violente, même si on ne dénombre pas de mort.

C’est ce 15 septembre où le monde entier célèbre la démocratie que la coalition Lamuka de Martin Fayulu et d’Adolphe Muzito a choisi pour organiser une manifestation contre la politisation de la CENI (Commission électorale nationale indépendante). Annoncée depuis plusieurs jours, la manifestation n’a pas reçu l’assentiment des autorités. Néanmoins, les responsables de Lamuka ont décidé de braver l’interdiction et d’investir la rue. La matinée a été très chaude.

De violentes interpellations

Mercredi matin, un impressionnant dispositif policier a été déployé le long de la route, entre le siège du Parlement et le district populaire de la Tshangu pour dissuader les manifestants. Et lorsque ceux-ci ont voulu violer l’interdiction de tenir leur marche, la machine de répression a été mise en branle. Des interpellations violentes et parfois aveugles ont été observées. C’est ainsi que le journaliste Patient Ligodi, correspondant de RFI en RDC qui assurait la couverture a été pris à partie et molesté par des éléments de la police congolaise. Il a été mis dans un véhicule de la police, puis éjecté dudit véhicule en marche.

Cette interpellation du journaliste a été unanimement condamnée au Congo, comme à l’étranger. Dans un communiqué rendu public après que les images de l’arrestation de Patient Ligodi ont été diffusées sur les réseaux sociaux, les correspondants congolais de la presse internationale en RDC ont fustigé « l’interpellation musclée et sauvage » de leur collègue. « Notre confrère s’est pris des coups, ses bourreaux se sont assis sur lui dans la voiture où il étouffait complètement », poursuit le communiqué. Ils exigent par conséquent que « les policiers auteurs de ces brutalités soient arrêtés et poursuivis, tout comme leur chef hiérarchique direct ». Aux dernières nouvelles, l’un des policiers impliqués dans l’arrestation du journaliste a été mis aux arrêts.

Au bilan, au moins huit personnes dont des cadres de Lamuka comme Prince Epenge, Michée Mangala et Adrien Malenga ont été arrêtées. 

Martin Fayulu molesté, la chaîne de télévision RTVS1 prise pour cible

Parmi les personnes brutalisées par la police figure Martin Fayulu. « On m’a fait tout ce qu’on peut faire, on m’a mis les doigts partout. J’ai été brutalisé vous l’avez vu. Ils ont cru qu’ils étaient plus forts que moi, tous ils n’ont pas pu. Ils voulaient que j’aille dans leur véhicule. J’ai dit vous n’y arriverez pas. Ils n’y arriveront jamais », fulmine celui qui se considère toujours comme le vainqueur de la Présidentielle de décembre 2018.

« Les manifestants ont été empêchés de se rassembler. C’est dommage de voir ça pour un pouvoir qui est pourtant animé par des gens qui avaient lutté pendant de nombreuses années pour un État de droit. C’est dommage que nous puissions recevoir de M. Tshisekedi et ses amis une telle répression », confie, pour sa part, l’ancien Premier ministre, Adolphe Muzito, un des leaders de la coalition de l’opposition.

Selon la presse locale, une chaîne de télévision appartenant à l’ancien Premier ministre a été attaquée par les éléments de la police : « La RTVS1 victime d’une attaque de la part des éléments de la police. Des gaz lacrymogènes ont été jetés à l’intérieur du bâtiment. Bilan : deux caméras perdues avec dégâts matériels très importants », a déclaré Patrick Lokela, secrétaire de l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC).

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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