Le pianiste français Marc Vella sillonne le monde avec son instrument, offrant des concerts gratuits pour le plaisir partagé. Et pour porter un message de paix. Il s’est produit mercredi dernier au festival Afrikabidon organisé par le voyagiste Point-Afrique en Ardèche.
Avec sa crinière bouclée que la brise emmêle, ses yeux malicieux et sa démarche dansante, Marc Vella a tout l’air d’un troubadour. Et c’est bien ce qu’il est. Il débarque de son camion comme on investirait la cour du château, bousculant la torpeur de cet après-midi d’été, distribuant sourires et accolades. En un clin d’oeil, un piano à queue monté sur roulettes est extrait du véhicule et posé là, sur la pierraille, au milieu du public d’Afrikabidon, en Ardèche (France).
L’instrument qui brille sous le soleil est celui-là même avec lequel le pianiste Marc Vella a pris la route voici 25 ans, larguant les amarres alors qu’une carrière de concertiste s’ouvrait à lui. « Je suis parti deux mois avec 75 € en poche et j’ai joué dans la rue, pour les passants. Tout le monde m’invitait, c’était très émouvant ». Depuis, le pianiste n’a plus cessé d’être nomade et d’offrir sa musique, gratuitement. En 25 ans, il a parcouru 200 000 km, de Cuba à Madagascar, de la Bulgarie au Pakistan, du Maroc au Sénégal.
Demandez à Marc ce qui lui fait courir le monde avec son piano, il vous répondra « l’amour » et vous aurez peut-être l’impression de parler à un illuminé. C’est pourtant une démarche parfaitement réfléchie qui guide ses pas. « Je ne me voyais pas passer ma vie dans des salles de concert », explique l’artiste qui a été couronné du prix de composition à Paris et vu nombre de ses œuvres éditées. « Je voyage pour prendre les gens dans mes bras, faire des rencontres autour de la musique, révéler la beauté des gens et leur apporter un message de paix au-delà de toutes les différences ». Tant pis pour les sceptiques, laisse-t-il entendre.
La « Caravane amoureuse » bientôt en Afrique de l’Ouest
Dans les années 90, il joue en duo avec le roi burkinabé du djembé, Adama Dramé, dans les villages d’Afrique comme à l’Olympia. En 2002, il pose son piano dans le désert mauritanien au cours d’un “Paris-Dakar“ dans un bus aménagé, accompagné d’une équipe de cinéma. Il fait des tournées en France, révélant au public des musiciens africains, installe son piano dans les banlieues après les émeutes de 2005. Cette année, on l’avait prévenu : « En Syrie, on ne peut pas embrasser les gens, et puis, ce pays est dangereux… » Résultat, il pose son piano en pleine rue de Damas, au beau milieu de la circulation, la foule applaudit, se met à danser. Accourue, la police se rend à l’évidence et l’escorte. Pour Marc Vella, qui a le sens de la formule, « la guérilla des bisous » est une résistance aux aprioris.
Désormais, l’aventure est aussi collective : il a créé la Caravane amoureuse, trois bus pouvant accueillir une cinquantaine de volontaires. Des candidats triés sur le volet, après entretien et questionnaire de motivation. Prochain départ : le 2 janvier 2011 pour une traversée musicale du Maroc, de la Mauritanie et du Mali. A Mopti, au Mali, le piano voyagera sur une pirogue du fleuve Niger, jusqu’à Tombouctou. « On me dit que c’est une folie dans le contexte actuel », commente l’artiste. « Mais nous voulons croire en l’être humain. Il faut arrêter de parler de l’Afrique négativement. Montrer la forêt qui pousse, tous ces gens impliqués, qui croient en ce qu’ils font, c’est une belle aventure ».
Pour consulter le site de Marc Vella