L’opposant malgache, autoproclamé vainqueur au premier tour des présidentielles, souffle le chaud et le froid. Marc Ravolomanana annonce qu’il prend le pouvoir vendredi et laisse le soin à ses adjoints de continuer à négocier avec les autorités.
Ce jeudi matin ressemble aux autres jours de la semaine. Des centaines de milliers de Malgaches se sont rassemblés au centre d’Antananarivo pour soutenir leur candidat, Marc Ravolomanana. Ce qui a changé c’est que le maire de la capitale est devenu Monsieur le Président pour ses sympathisants. Marc Ravalomanana, qui estime avoir remporté au premier tour l’élection présidentielle du 16 décembre, a annoncé à ses partisans qu’il prendra le pouvoir pacifiquement ce vendredi et leur a donné rendez-vous au stade municipal de Mahamasina. Le lieu n’est pas fortuit : les nouveaux présidents s’y rendent traditionnellement pour se faire acclamer par la foule. Ce coup de force consterne le Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’Ivoirien Amara Essy, qui avait réussi à ramener les deux parties autour de la table des négociations. Le camp du président sortant, Didier Ratsiraka, est dans l’expectative.
Investiture dans le stade
L’annonce de Marc Ravalomanana a pris de court le pouvoir malgache. L’armée ne veut pas se mêler au conflit politique mais pourrait très vite se retrouver en son centre. » L’armée malgache n’est pas une armée bananière. La crise est politique, l’issue de la crise doit être politique « , affirme le ministre de la Défense, Marcel Ranjevo. Avant d’ajouter qu’elle interviendra s’il y a des heurts.
Ainsi, le maire d’Antananarivo a choisi de prendre le pouvoir par la rue. Son choix risque d’être hypothétique, à part la capitale qui lui entièrement acquise, les autres provinces sont hostiles à son » investiture « . » Il s’est laissé enfermer par la vieille garde des politiciens qui forment une partie de son entourage, qui militent pour une prise du pouvoir sans passer par les élections, alors que ses conseillers de la mairie, dans le premier cercle de son entourage, sont des techniciens compétents mais, comme lui, des novices en politique », analyse pour l’Afp José Andrianoelison, le principal négociateur du camp de M. Ratsiraka.
Craignant sans doute la réaction de la communauté internationale, Marc Ravalomanana assure avoir épuisé toutes les voies légales. Comme à son habitude, il prend Dieu à témoin pour se présenter comme le porte-parole de l’Eglise. Le bras de force, que certains diplomates qualifient de coup de poker, risque de se durcir… et de faire des victimes.
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