
Les athlètes kényans Sharon Lokedi et John Kipkosgei Korir ont triomphé ce lundi lors de la 129e édition du prestigieux marathon de Boston. Ces performances exceptionnelles, marquées par un nouveau record du parcours féminin, illustrent une fois de plus la domination écrasante des coureurs est-africains sur la discipline. Retour sur un événement qui confirme une suprématie historique construite sur des décennies.
Les Kényans Sharon Lokedi et John Kipkosgei Korir ont signé un impressionnant doublé ce lundi 21 avril au marathon de Boston, l’un des plus anciens et prestigieux au monde. En s’imposant avec autorité, les deux athlètes confirment la domination sans partage de l’Afrique de l’Est sur les compétitions d’endurance.
Un record féminin brisé après 11 ans
Chez les femmes, Sharon Lokedi a marqué les esprits en s’imposant en 2h17’22 », pulvérisant le record du parcours vieux de 11 ans. Elle a devancé sa compatriote Hellen Obiri, double tenante du titre, qui a terminé en 2h17’41 », et l’Éthiopienne Yalemzerf Yehualaw, troisième en 2h18’06 ». Longtemps en lutte avec ses rivales, Lokedi a creusé l’écart dans les derniers kilomètres avec une accélération décisive. « J’ai souvent terminé derrière Hellen, mais cette fois je me suis battue pour que ça change. Je savais que j’avais les jambes pour le faire aujourd’hui », a-t-elle confié, rayonnante sur la ligne d’arrivée.
Korir perpétue l’héritage familial
Chez les hommes, John Korir s’est détaché après le 35e kilomètre pour franchir la ligne d’arrivée en 2h04’45 », le deuxième meilleur chrono jamais enregistré sur le parcours mythique de Boston. Il a devancé le Tanzanien Alphonce Simbu et le Kényan Cybrian Kotut, tous deux crédités de 2h05’04 ». « J’avais promis à mon frère que je gagnerais Boston. C’est chose faite », a déclaré Korir, visiblement ému en évoquant Wesley, vainqueur ici-même en 2012. Une affaire de famille qui illustre la transmission d’excellence au sein des communautés kényanes.
Cette édition 2025 restera comme l’une des plus rapides de l’histoire, avec cinq hommes sous les 2h06 et douze sous les 2h09. Une densité exceptionnelle qui illustre la vitalité actuelle du fond mondial… largement portée par l’Afrique de l’Est.
L’Afrique de l’Est, berceau indétrônable de l’endurance
Les performances de Lokedi, Korir, mais aussi celles de Jemal Konga et Tsigie Gebreselama Zeray, vainqueurs hier du semi-marathon de Shanghai, s’inscrivent dans une tradition d’excellence forgée depuis les années 1960. Abebe Bikila, pieds nus à Rome en 1960, ou encore Kipchoge Keino ont ouvert la voie à des générations de champions venus d’Éthiopie et du Kenya.
Cette domination repose sur un cocktail de facteurs complémentaires : entraînements en altitude d’où viennent la plupart des athlètes (entre 2000 et 2500 mètres), environnement rude, mode de vie actif dès l’enfance, et surtout une culture de la course profondément enracinée. Aller à l’école en courant, participer très jeune à des compétitions locales : autant de parcours qui façonnent des athlètes naturellement endurants.
Depuis les années 1980, l’émergence de camps d’entraînement structurés – comme ceux d’Iten au Kenya ou d’Addis-Abeba en Éthiopie – a professionnalisé cette filière. Ces centres d’excellence attirent même des coureurs du monde entier venus s’imprégner de cette science de l’endurance, où rigueur, frugalité et mental d’acier se conjuguent au quotidien.
Le succès des athlètes africains à Boston et Shanghai confirme que cette école de la course de fond va continuer de régner sur le monde, portée par une génération aussi affamée que talentueuse.